--- date: '2021-07-12T09:56:01' li-id: 6820289625639137280 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_lindustrie-automobile-appelle-emmanuel-macron-activity-6820289625639137280-IXQw title: CHANGE_ME 700 --- Pendant des années, les constructeurs automobiles ont résisté à l'envie de la Commission européenne de diminuer les émissions des véhicules neufs vendus. Une des raisons est que les marges se font sur les familiales et modèles haut de gamme, et donc limiter les émissions, donc la masse et la puissance, c'est affaiblir les performances économiques. Mais une attitude de résistance débouche rarement sur une logique d'investissement. A leur décharge, on peut les comprendre : la même Commission demande "en même temps" que la concurrence soit respectée, ce qui interdit de protéger des investissements de long terme en garantissant des marchés. Pour avancer dans la bonne direction, il aurait fallu s'organiser autrement : imposer aux constructeurs des mesures permettant d'investir dans la bonne direction (véhicules de faible masse, thermiques- 2 l aux 100 max - ou électriques), et dans le même temps leur garantir un marché domestique protégé. Cela s'appelle... de la politique industrielle. L'Europe semble découvrir, un peu tard, que ce genre de planification a du bon, en encourageant la création d'usines de batteries en grand nombre, avec parfois des aides plus ou moins directes des Etats. Mais c'est un peu tard par rapport aux chinois, qui savent s'accommoder d'une concurrence plus faiblarde (à leur profit bien sur), voire des japonais, qui ont aussi, parfois, des politiques domestiques très fortes. Pour le moment, le mix "concurrence + aide au consommateur" est le mix parfait pour favoriser les importations et ne pas encourager les investissements. Pour le faire, le bon cocktail est "obligation au consommateur + aide au producteur + protection du marché domestique + encadrement de la rente qui en nait", et tout cela en ayant correctement pensé à l'avance à la contrainte de ressources (car il n'est pas sur que la production des constructeurs automobiles européens puisse physiquement rester la même avec de l'électrique, compte tenu de la quantité de métaux spécifiques nécessaires pour les batteries et moteurs). L'Europe - donc les Etats qui la composent - le comprendra-t-elle avant d'imploser en croyant qu'elle avancera dans la bonne direction en restant un marché ouvert dans un monde sans croissance ?