--- date: '2021-09-05T17:16:02' li-id: 6840331689596596224 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_consommer-moins-de-p%C3%A9trole-pour-des-raisons-activity-6840331689596596224-Wxvp title: CHANGE_ME 627 --- Consommer moins de pétrole pour des raisons climatiques, cela fait un moment que l'on en parle. Depuis 1988 pour ceux qui voient la date de création du GIEC comme le point de départ de cette préoccupation, probablement depuis avant dans une petite partie de la communauté scientifique, et à de nombreuses reprises depuis après, assurément. Mais quand on regarde la courbe de consommation de produits pétroliers dans les pays de l'OCDE, qui revendiquent les discours les plus anciens sur la préservation du climat, force est de constater que seules les crises ont eu un rôle discernable dans la limitation de notre soif d'or noir. Le graphique ci-dessous (données BP Stat) illustre la consommation de produits pétroliers par catégorie (donc après raffinage) dans la zone OCDE. les "light distillates" désignent essentiellement l'essence, donc les transports terrestres. Dans "middle distillates", on trouve le fioul (ou le diesel, c'est le même produit) et le kérosène, qui servent donc dans les transports terrestres et aérien, le chauffage, et dans l'industrie, et l'agriculture. Fuel oil, c'est le fioul lourd, qui sert dans la marine marchande, et la génération électrique. Others ce sont les produits raffinés aux deux extrémités de la "densité" : les produits les plus légers (éthane, naphta) qui partiront dans la pétrochimie, puis se retrouveront dans à peu près n'importe quoi que vous puissiez acheter aujourd'hui, de la brosse à dents à la peinture, du tupperware au vernis à ongles, des chaises de jardin (même en bois si elles sont vernies) aux gaines des fibres optiques, des phytosanitaires aux machines à café. Les produits les plus lourds, ce sont les bitumes, huiles et cires, qui sont aussi indispensables comme produits intermédiaires dans toute la chaine industrielle. Il y a 3 moments où la consommation de pétrole a été infléchie : 1973 - la croissance physique de la production de pétrole passe de 8% par an à 1% par manque de ressources, le pic de production des découvertes conventionnelles étant passé 10 ans avant, puis 2006 - à nouveau par manque de ressources, la production de pétrole conventionnel passant par son pic mondial (AIE, 2018), et enfin 2019 (juste avant le covid) parce que le shale oil s'arrête de croitre par manque de financements. Rien, dans ces événements, n'est du à notre volonté d'en consommer moins (la consommation repartait à la hausse en même temps que la voiture électrique commencait à sortir du bruit de fond !). C'est dire si nous n'avons pas idée de ce qui nous attend si nous devons diminuer notre consommation de ce liquide de 5% par an tous les ans pour les décennies qui viennent, comme le demande l'accord de Paris.