--- date: '2022-01-19T09:32:44' li-id: 6889499849637584896 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_le-charbon-nouvel-eldorado-des-fonds-dinvestissement-activity-6889499849637584896-SWHE title: CHANGE_ME 414 --- Depuis que le climat est devenu un sujet pour les acteurs financiers, une des manières qu'ils ont de répondre au problème est de désinvestir des secteurs vus comme les plus problématiques, au premier rang desquels le charbon. Admettons qu'un gestionnaire d'actif ou un investisseur détienne des actions ou des obligations d'une société qui est présente dans le secteur charbonnier (exploitant de mines, exploitant de centrales électriques, voire constructeur de ces centrales ou d'engins utilisés dans les mines...). La façon de résoudre le problème actuellement est de vendre ces actions ou obligations à des tiers. Les titres ne sont alors plus pris en compte dans l'empreinte carbone de l'acteur financier... qui peut considérer avoir contribué à la résolution du problème. Sauf qu'il n'en est rien : la "vraie" résolution du problème est la disparition "physique" de la mine ou de la centrale en activité, et la vente à un tiers ne garantit pas du tout cela. Pire : comme l'explique cet article, la cession de ces actifs crée des opportunités pour des investisseurs privés, qui prennent le relais des structures cotées qui sont mises sous pression parce qu'elles doivent publier des informations et donc donner des gages. La seule manière que es acteurs financiers pourraient avoir de résoudre le problème par eux-mêmes serait de garder la propriété de la mine ou de la centrale... et de créer des coalitions majoritaires en AG pour voter la cessation de l'activité charbonnière, en encaissant la moins value correspondante au passage, ce qu'ils ne feront jamais, parce que c'est contraire à leur devoir fiduciaire, qui les oblige à mettre la préservation des intérêts financiers de leur mandants avant toute autre considération. La taxonomie européenne laissera ce problème entier. En fait, il n'y a que la puissance publique qui puisse résoudre le problème, en interdisant progressivement l'activité charbonnière. Les investisseurs ne le pourront pas. Ils peuvent par contre avoir une approche "risque individuel", c'est à dire sortir le charbon de leurs portefeuilles pour ne pas encaisser de moins values quand et si la puissance publique décide(ra) de pénaliser cette activité (ou les épargnants, au détriment du rendement, mais c'est peu probable que ce soit massif), ou si elle se "pénalise toute seule" pour des raisons physiques (manque de ressources, impossibilité physique d'opérer pour des raisons diverses). Cela correspond à une vision "secteur", qui a sa pertinence, mais pas à une vision sociétale.