--- date: '2022-02-14T07:16:58' li-id: 6898887763693752320 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_sixi%C3%A8me-extinction-de-masse-alerte-sur-activity-6898887763693752320-TIvw title: CHANGE_ME 385 --- Les Echos consacrent un long article à l'extinction des espèces en cours, à l'occasion de la publication d'un article scientifique qui vient de sortir (https://lnkd.in/eZnpfjtk ; en libre accès). Cette publication explique en quoi le système de "liste rouge" de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) conduit à sous-estimer le rythme de disparition, car elle ne concerne quasiment pas les insectes, qui représentent environ 90% des espèces animales décrites, ni les mollusques, qui en représentent presque 10%. Les auteurs de la publication scientifique ont regardé de près le groupe des mollusques, et ont ensuite extrapolé à l'ensemble des espèces, pour en déduire que, en ordre de grandeur, de 7,5 à 13% des 2 millions d'espèces décrites avaient déjà disparu depuis 1500. Cela fait donc de 150.000 à 260.000 espèces qui ont disparu sur environ 2 millions d'espèces décrites. Les 5 extinctions de masse qui ont eu lieu depuis 450 millions d'années avaient pour origine une perturbation de grande ampleur du système climatique (glaciation, impact d'un météorite, volcanisme...). Celle ci a pour origine la domination d'une espèce : nous. Comment agir ? Comme pour le climat, cela sera plus vite dit que fait. La première cause de perte de biodiversité est la perte d'habitats, et la première cause de cette perte est due à l'activité agricole. Cette dernière consiste en effet à remplacer des écosystèmes naturels par des écosystèmes dirigés comportant beaucoup moins d'espèces, à la fois végétales (on se limite aux plantes ou arbres cultivés) et animales (on supprime autant que possible l'accès aux "ravageurs"). La taille de la population est donc un premier déterminant : plus nous sommes nombreux, plus nous avons de production végétale et plus la "nature" dispose de peu d'espace. Mais à cela sont venus se rajouter les "agressions chimiques" de toute nature (délibérée comme celle des phytosanitaires ou involontaire) ainsi que le changement climatique (incendies, sécheresses). Et, comme pour le climat, les urbains en bout de chaine, physiquement déconnectés des écosystèmes qui nous permettent de vivre, ont du mal à faire le lien entre leurs comportements et ce qui crée des pressions "ailleurs" sur la biodiversité. Il reste peu de temps pour à la fois déployer les systèmes comptables émergents qui permettent de faire un état de la pression sur la biodiversité d'une activité donnée, et tenter de corriger le tir. Comme pour le climat pourrait-on dire...