--- date: '2022-02-01T13:00:08' li-id: 6894263084462997504 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_la-su%C3%A8de-pr%C3%A9voit-denfouir-ses-d%C3%A9chets-nucl%C3%A9aires-activity-6894263084462997504-FLv_ title: CHANGE_ME 401 --- Dans les inconvénients souvent mis en avant en ce qui concerne la production électrique à base de fission nucléaire, il y a la question des déchets, très fréquemment (sinon exclusivement !) présentée comme un problème sans solution. Ce terme un peu générique de "déchets" englobe en pratique des objets ou faits qui peuvent être très divers. L'origine des "déchets" se trouve dans les assemblages qui sont retirés du coeur du réacteur après qu'ils y aient séjourné une année ou plus. Les assemblages neufs contiennent l'uranium enrichi qui a servi à la réaction en chaîne, et qui est présent sous forme de pastilles d'oxyde d'uranium, logées dans des tubes en alliage de zirconium (voir photo en commentaire). Dans certains pays (dont la Suède qui fait l'objet de l'article ci-dessous) les assemblages déchargés sont "juste stockés" après un traitement purement mécanique (transport, découpage en morceaux, "enrobage" dans des conteneurs). C'est ces assemblages que l'on appelle "déchets". Dans d'autres pays (dont la France) ces assemblages sont "retraités". Leur contenu est trié : d'un côté les produits de fission (les noyaux qui apparaissent lorsque le noyau d'uranium se casse en deux lors de la fission) et les actinides mineurs (des éléments de numéro atomique supérieur ou égal à 89 et qui apparaissent dans le coeur par absorption de neutrons par l'uranium puis désintégrations radioactives). Ils constitueront les déchets dits HALV (Haute Activité Vie Longue) qui concentrent l'essentiel de la radioactivité des déchets mais représentent seulement quelques % de la masse de ce qui est retiré du coeur. D'un autre côté on va récupérer le plutonium et l'uranium, qui, en France, ne sont pas considérés comme des déchets : ils sont réutilisés dans des assemblages neufs. Nos voisins du Nord, qui ne "retraitent" pas, donc (ce qui, du point de vue de l'économie de ressources, est dommage, puisque l'uranium extrait d'un coeur contient plus d'isotope 235 - environ 1% - que l'uranium naturel, et le plutonium peut aussi fournir de l'énergie), viennent de décider d'enfouir les assemblages usagés dans un site de stockage géologique. La durée de stabilité qu'un stockage doit garantir effraie souvent. Pensez vous, 100.000 ans ! En fait il faut relativiser : - les volumes occupés sont faibles. L'énergie nucléaire étant très dense, elle met en jeu de (très) petites quantités de matière (rapportées à l'énergie produite) et engendre donc de petites quantités de "déchets" (toujours rapportées à l'énergie produite) : https://lnkd.in/dBSxJZi - la géologie est une chose globalement stable sur des échelles de temps bien plus longues. Par exemple le gaz naturel a pu rester des dizaines de millions d'années confiné dans des formations géologiques. Si la géologie peut empêcher un gaz - qui diffuse quand même assez facilement - de se promener partout, elle peut a fortiori le faire pour de petits objets solides !