--- date: '2022-03-07T08:17:32' li-id: 6906513151257317376 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_engie-sans-gaz-russe-nous-entrerions-activity-6906513151257317376-abT3 title: CHANGE_ME 359 --- Dans une interview aux Echos, la directrice générale d'Engie explique que, dès l'hiver prochain, sans gaz russe il faudrait : - rationner le gaz - réglementer les prix (donc transitoirement "supprimer le marché"). On ne saurait mieux le dire : la "libéralisation" appliquée à l'énergie en Europe n'a pas fonctionné pour s'organiser en fonction du gros temps à venir, qui était absolument certain. La guerre en Ukraine n'était pas prévisible dira-t-on. La guerre, certes non. Mais "un événement" qui allait rendre l'approvisionnement en gaz et/ou en pétrole compliqué, ça oui. Dès lors que les gisements de pétrole et de gaz sont épuisables, vient nécessairement un moment où... il y en a moins. La baisse subie des combustibles fossiles était déjà un fait en Europe avant cette guerre, alors que nous n'avons toujours pas pris le taureau par les cornes. En 1973, ce n'est pas la guerre du Kippour qui a fait chuter la production de pétrole (voir cette analyse de Michel Lepetit parue dans Le Monde : https://lnkd.in/eZa7SfKu ), ou plus exactement qui a fait passer le monde d'une production de pétrole augmentant de 8% par an à une production augmentant d'un petit % par an. C'est la physique : la production ne pouvait juste pas continuer à augmenter au même rythme. De même, la guerre en Ukraine ne fait qu'amplifier une fragilité sous-jacente de l'Europe : celle de l'absence de plan cohérent pour réellement sortir des combustibles fossiles. La directrice générale d'Engie affirme que "Mon espoir est que, dans ce nouveau monde, la société regardera les énergies renouvelables différemment. Elles représentent une source, certes intermittente, mais quasi infinie, implantée chez nous, compétitive, et qui nous permet de ne dépendre de personne". Bien sur que nous allons devoir développer certaines ENR. Pour autant : - éolien et solaire sont "infinis" mais les métaux pour la collecter, non (et il en faut beaucoup plus qu'avec les fossiles) - "dépendre de personne" est inexact : l'Europe n'a pas de mine significative sur son sol, - "une source certes intermittente" signifie que, sans stockage massif (pas du tout évident qu'on y arrive), l'électricité n'est plus disponible à la demande (ce matin, sans fossiles, il y en aurait peu : https://lnkd.in/eKmfFCM6 ) - "compétitive" si on se limite au cout de production, mais... RTE a rappelé récemment que ce n'est pas légitime et qu'il faut regarder le cout de l'ensemble du système. Engie pousse aussi le "gaz vert". C'est une bonne idée... mais pour en faire du carburant pour la mécanisation agricole (et progressivement supprimer le gaz dans le chauffage). Engie écarte enfin la prolongation des centrales nucléaires belges. A court terme, avec la baisse de la demande partout où c'est possible (transports, chauffage) c'est pourtant la chose la plus utile à faire.