--- date: '2022-04-20T09:09:13' li-id: 6922471223926906880 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_laura-foglia-the-shift-project-avec-la-activity-6922471223926906880-o_B5 title: CHANGE_ME 309 --- C'est un fait bien connu sur lequel revient Laura Foglia (cheffe de projet "mobilité du quotidien" pour le plan de transformation de l'économie française) dans cette interview pour Novethic : la voiture pour tou(te)s ou presque (il y a désormais 40 millions de véhicules particuliers dans notre pays contre 2,5 juste après guerre) a conduit à faire un urbanisme étalé en conséquence. Nous n'avons donc pas affecté l'augmentation de la vitesse des déplacements à raccourcir nos temps de déplacement, mais à allonger les distances à temps de déplacement constant. Question : que deviendra cet urbanisme lorsque, Poutine ou pas, nous aurons de moins en moins de modes de déplacement individuels rapides ? Car ce temps viendra : il n'y aura pas 1,2 milliard de voitures particulières (valeur actuelle) électriques sur terre pendant des siècles (condition pour que l'urbanisme, dont le temps d'évolution est plus proche du siècle que de l'année, évolue). Une autre question vient se greffer : sachant que les villes sont uniquement des lieux d'échange ou de transformation, où rien "de base" n'est produit sur place (ni mines, ni champs, ni forêts...), avec des emplois associés (essentiellement du tertiaire), que deviendront les villes quand les transports longue distance qui permettent de nourrir les habitants, les vêtir, les loger, et acheminer tout ce qui est nécessaire aux emplois tertiaires en question, deviendront moins abondants ? A l'époque de l'énergie rare (il y a quelques siècles) la population urbaine était considérablement plus petite qu'aujourd'hui... et ce n'est pas un hasard. Là comme ailleurs, moins nous anticiperons - ce qui est le cas actuel - et plus dure sera la régulation par la crise. Entre autres absences dans les débats de cette drôle de campagne, aucun(e) candidat(e) n'a dit quoi que ce soit sur la manière de faire évoluer l'aménagement du territoire - proportion villes/campagnes et forme des villes - dans un monde plus sobre en énergie. Ne pas en rajouter au problème (et donc arrêter de faire grossir les grosses villes + contenir l'étalement urbain de celles existantes) devrait être la première étape de ce difficile chemin.