--- date: '2022-04-05T12:36:58' li-id: 6917087688596570112 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_le-giec-ipcc-en-anglais-vient-de-publier-activity-6917087688596570112-xRSu title: CHANGE_ME 325 --- Le GIEC - IPCC en anglais - vient de publier le 3è volet de son 6è rapport d'évaluation (ca fait un peu série à rebondissements :) : https://lnkd.in/ee43XibU Rappelons que les 3 "volets" d'un rapport d'évaluation concernent le fonctionnement du système climatique sur le plan physique et sa modification sous l'influence des activités humaines (groupe 1), les impacts de cette modification sur les écosystèmes et les sociétés humaines (groupe 2), et enfin les moyens d'action (groupe 3). Le GIEC a une particularité : il se doit d'être "policy relevant" (donc fournir des éléments permettant d'éclairer la prise de décision) mais pas "policy prescriptive" (il n'a donc pas à recommander des politiques publiques, contrairement à ce que suggèrent nombre de commentaires - erronés - déjà lus dans la presse). Cette partie de son mandat est très facile à respecter pour le groupe 1 (la physique est régie par des lois qui ne dépendent pas de nos valeurs morales ou conventions), assez facile pour le groupe 2 (les impacts dépendent peu de nos valeurs morales ou conventions, même si dans les mesures d'adaptation on va trouver des conventions ou préférences qui interviennent), mais... presque impossible pour une large partie de ce qui concerne le groupe 3. En effet, c'est dans ce groupe que l'on trouve l'apport de l'économie à la possible manière de résoudre le problème. Or, parler d'économie, c'est avoir par définition choisi une convention qui tient les ressources pour sans valeur (rappelons que les prix n'intègrent pas, par définition, le "cout de la nature" : https://lnkd.in/gPsGK-F ). Eclairer un choix sur la préservation d'un actif naturel avec des indicateurs qui tiennent la valeur de cet actif pour nul est déjà un pari osé. Mais, en plus, il n'existe pas de prix sans marché. Parler systématiquement prix est donc ilmplicitement supposer que l'économie de marché généralisée est compatible avec le "sauvetage du climat", alors que la norme et la réglementation - qui ne créent pas de prix explicites - sont d'autres moyens d'orienter nos choix. C'est très proche de la prescription que de ne parler que des instruments de marché... La raison à cela ? Les modèles utilisés par les économistes ne savent pas bien - voire pas du tout - explorer un avenir uniquement modifié par des règlements. Mais qui comprendra que de ne pas parler des règlements vient d'une limite sur les outils des économistes universitaires et non d'une impossibilité de s'en servir dans la vraie vie ? Autre exemple : tous les scénarios d'émission limitant fortement le réchauffement comportent un PIB mondial qui croit d'ici à 2100, tout simplement parce que... le PIB a été postulé croissant au départ. Qui comprendra que c'est une hypothèse non démontrée et non une conclusion ? Ce nouveau rapport demande donc beaucoup de recul pour sa lecture sur la partie "solutions". Sinon gare aux désillusions...