--- date: '2022-06-27T07:01:05' li-id: 6947081355595812864 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_certaines-zones-nen-font-pas-et-nenvisagent-activity-6947081355595812864-HFZe title: CHANGE_ME 229 --- Certaines zones n'en font pas et n'envisagent pas d'en faire. D'autres sont très favorables mais leur parc en activité et leurs chantiers sont en baisse. D'autres encore sont très favorables avec à la fois parc et chantiers en hausse. De quoi s'agit-il ? Des réacteurs nucléaires. The Shifters a réalisé un panorama de la situation du nucléaire dans le monde, dont est extraite l'image ci-dessous, qui synthétise en une planche ce qu'il faut retenir sur cette énergie : https://bit.ly/3bjJ9qc On voit immédiatement que le nucléaire d'aujourd'hui est majoritairement occidental (USA+Europe de l'Ouest), mais que les chantiers sont majoritairement asiatiques (ce qui tombe bien puisque c'est aussi en Asie qu'il y a le plus de charbon). En Europe, l'opinion sur le nucléaire y est globalement plus favorable qu'avant. Cela peut sembler paradoxal dans notre pays : alors que "tout allait bien" (parc disponible et sans pépin), l'opinion était partagée, et maintenant que ca va moins bien (chantier de Flamanville prenant du retard, parc en service partiellement indisponible pour raisons techniques), l'opinion est nettement plus favorable. En fait cela s'explique si l'on se rappelle que les considérations techniques - et le débat sur les risques - passionnent seulement une petite fraction de la population. L'essentiel de la population française est sensible à des arguments qui sont le prix, l'indépendance énergétique, et la disponibilité à venir (notamment à cause de la voiture électrique). A ce compte là la cote d'amour du nucléaire a tendance a suivre... le prix du pétrole ! Envie ou pas, le nucléaire est une machine peu réactive. Entre le moment où l'on décide d'y aller et les premiers effets visibles sur la production, il faut compter environ 15 ans, sans valse hésitation qui a été le premier facteur d'affaiblissement de la filière française sur les 20 dernières années. A l'inverse, c'est la constance qui est le premier facteur de succès pour les chinois et les russes, qui dominent aujourd'hui la scène mondiale. Cette constance amène filière organisée et financements d'Etat, indispensables au développement de cette énergie. En France, nous allons devoir passer la période qui nous sépare de 2030 sans réacteur supplémentaire à part Flamanville. Beaucoup de voix disent que cela légitime de construire des capacités solaires et éoliennes aussi vite que possible. Mais il faut rappeler que ces dernières ne sont pas pilotables, et que l'on ne remplace pas un pour un du nucléaire par de l'intermittent. L'Allemagne a montré que, en termes de capacités installées, ce que l'on fait est de remplacer du nucléaire par ENR+gaz (ou + charbon !). Mais cela suppose... que l'on ait du gaz (cette condition aux limites faisait rigoler tout le monde quand j'en parlais il y a 10 ans...). Dit autrement, en Europe de l'Ouest les atermoiements des 20 dernières années vont se payer de toute façon. C'est probablement aussi le rationnement qui va servir de variable d'ajustement.