--- date: '2022-06-18T15:34:49' li-id: 6943949148538744832 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cest-dune-originalit%C3%A9-folle-ma-chronique-activity-6943949148538744832-N8cE title: CHANGE_ME 240 --- C'est d'une originalité folle : ma chronique de ce matin sur RTL parlait de... canicule : https://lnkd.in/ePTfJyUN Malgré l'absence de mes planches powerpoint favorites, j'y ai décrit le graphique qui figure ci-dessous, et qui vient directement du dernier rapport du GIEC. Il dit une chose pas sympathique : les vagues de chaleur vont augmenter beaucoup plus rapidement que la moyenne de la température, et leur intensité maximale va aussi augmenter plus vite que la moyenne des températures. Prenons l'épisode le plus chaud du climat de la deuxième moitié du 19è siècle. Avec un degré de réchauffement global, c'est à dire à peu près maintenant, la pire vague de chaleur de 1850-1900 est dépassée une fois tous les 10 ans, et la température atteinte à ce moment là est 1,2 °C plus élevée que la maximale du 19è siècle. A 1,5°C (objectif politique en version ambitieuse, qui ne sera pas tenu sauf pandémie ou autre effondrement rapide) la pire vague de chaleur de 1850-1900 est dépassée quasiment une fois tous les 5 ans, et à ce moment là le maximum dépasse de 2°C le maximum de la période préindustrielle. A 2°C (version haute de l'objectif politique) c'est tous les 3 ans que le max de 1850-1900 est dépassé, et il l'est de quasiment 3°C. A 4°C - version "charbon à fond" - le max de 1850-1900 est dépassé quasiment tous les ans de plus de 5°C. C'est aussi dans ce monde là que 2 milliards d'êtres humains - même bien portants - ne peuvent quasiment plus mettre le nez dehors sans risquer de mourir plus de 300 jours par an (il n'est alors plus possible de travailler dehors sauf peut-être la nuit, donc plus d'agriculture, et donc en pratique ca devient invivable au sens premier). Ca, ce sont les prévisions. Mais quand on compare les prévisions d'il y a 10 ans avec l'évolution actuelle, on se rend compte que "la réalité dépasse la fiction", c'est à dire que les records de chaud ont augmenté plus rapidement que ce qui était envisagé il y a une décennie. De là à se dire que les prévisions actuelles sont conservatrices... Comme l'évolution du climat planétaire dépend avant tout de ce que feront l'ensemble des pays de la planète, il faut se préparer à vivre dans un climat qui va de toute façon devenir de plus en plus hostile. Déjà que la question de la décarbonation (indispensable et de toute façon subie si elle n'est pas volontaire) de nos activités peine à se faire un chemin dans les débats politiques : en ce qui concerne "l'adaptation" - que je préfère qualifier de "résilience", parce que l'on ne parviendra pas à tout préserver en "s'adaptant", et il y a des choses que l'on sait déjà que l'on va perdre - là c'est le silence intégral dans les débats. Zéro (pour la) question. Ce Samedi nous rappelle une fois de plus qu'il y a urgence...