--- date: '2023-01-03T18:04:07' li-id: 7016101906401927169 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_greenwashing-lutilisation-abusive-du-label-activity-7016101906401927169-r47p title: CHANGE_ME 42 --- Il va devenir un peu plus difficile pour les entreprises de présenter leurs produits comme "neutres". Pas totalement impossible (cela aurait été l'idéal : https://lnkd.in/dGTt6Zs), mais plus difficile : l'entreprise qui affirme qu'un de ses produits est neutre ne pourra le faire que si elle a : - fait un bilan des émissions de gaz à effet de serre du produit ou service concerné sur l'ensemble de son cycle de vie. - établi et publié la trajectoire de réduction des émissions de CO2 associées au produit ou au service, avec des objectifs quantifiés à 10 ans - précisé la nature et la description des projets utilisés pour acheter des crédits (la "compensation"). Cela peut sembler un peu anecdotique de se concentrer sur la communication des entreprises au lieu de se concentrer sur leurs procédés, leurs matières premières, les usages de leurs produits, etc. Sauf que, dans un monde qui doit se décarboner, le premier juge de paix auquel confronter les procédés, matières premières et usages, c'est justement leur "contenu en carbone". Obliger les entreprises à le mesurer, et à le faire évoluer dans la bonne direction, est donc une figure imposée pour que l'ensemble du système se mette en mouvement. C'est bien l'objectif qui détermine la nature de l'action à suivre, et non l'inverse. La sanction prévue en cas d'infraction peut aller jusqu'au montant dépensé dans la communication (donc plus d'un million si c'est à la télé). A cela il faudrait probablement rajouter, en cas de condamnation, la réputation un peu écornée de l'entreprise prise la main dans le pot de peinture verte, qui lui coutera aussi nécessairement quelque chose, sur sa capacité à recruter par exemple. Evidemment, l'idéal serait d'obliger à communiquer sur chaque produit ou service son empreinte carbone sans autre forme de commentaire. A ce moment, plus besoin de se demander si un produit est neutre ou pas : on saurait combien a été émis pour sa fabrication, point. La difficulté pour en arriver là est que, à l'heure des chaines de valeur mondialisées (aucun métal incorporé dans un objet disponible dans notre pays ne vient de notre pays, par exemple), on ne peut pas calculer le contenu carbone d'un produit de manière exacte sans que l'ensemble des entreprises - en France ou à l'étranger - qui ont contribué à la sa fabrication ne disposent d'une comptabilité carbone analytique. Comme il est peu probable que, la semaine prochaine, la Chine, l'Allemagne, le Mexique, le Chili, le Maroc et la Turquie, et en fait tous les autres pays, imposent à leurs entreprises de tenir une telle comptabilité, cela signifie que, pour un temps au moins, il sera plus facile d'interdire ce qui est grossièrement faux que de mettre en place ce qui est quantitativement exact.