--- date: '2023-01-01T12:16:56' li-id: 7015289760269099008 li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_v%C5%93ux-2023-aux-fran%C3%A7ais-activity-7015289760269099008-rJ0N title: CHANGE_ME 44 --- C'est l'époque des voeux ! Même si seul le prononcé fait foi, j'ai attentivement lu le texte mis en ligne par l'Elysée. On y lit "Qui aurait imaginé [il y a un an] que (...) nous  aurions à affronter (...) une effroyable crise  énergétique, une crise alimentaire menaçante, (...) la vague d’inflation, (...) ou la crise climatique ?" Qui ? Sur l'énergie, tous ceux qui, remarquant que les combustibles fossiles sont épuisables alors qu'ils fondent la société moderne, soulignent depuis longtemps que leur baisse subie dans un monde non préparé se traduira par des conséquences adverses d'ampleur croissante (dès Meadows et al au moins : https://bit.ly/2HkwcIl ). L'Europe était bien avant l'Ukraine en baisse subie sur le pétrole (depuis 2007), le gaz (depuis 2005), le charbon (depuis les années 50), et en baisse choisie sur le nucléaire (depuis 2005). Notre baisse de production physique (des tonnes chargées dans les camions ou des immeubles construits) a commencé dès 2008. L'empreinte carbone des français a commencé à baisser en même temps que leur revenu disponible, en 2009 ou 2010, dans la foulée de cette décrue énergétique. Il n'y a donc pas besoin d'être grand clerc pour "voir venir des ennuis" avec la décrue énergétique, sans bien sûr être en mesure de décrire ces derniers avec précision. Pour ce que j'en connais ce qui précède ne fait l'objet d'aucune attention particulière de l'Elysée. Sur l'alimentation, même motif même punition : l'agriculture moderne c'est un climat stable et des combustibles fossiles. Que le climat devienne instable et les combustibles fossiles moins accessibles, et la conclusion devient logique à défaut d'être plaisante. Enfin, sur la crise climatique, c'est à se demander ce qui est passé par la tête de la personne qui a rédigé ce discours que de poser la question de savoir "qui l'aurait prédite". Sérieux ? On trouve ensuite "A chaque épreuve, l’Europe nous a permis d’agir plus vite et plus fort". C'est vrai et faux : l'Europe avance aujourd'hui sur deux pieds qui contribuent inégalement au mandat initial de paix et "prospérité". Le pied "libéral et concurrentiel" tire de plus en plus contre son propre camp. On a vu ses effets sur l'électricité, sur la perte industrielle ou sur l'incapacité à faire émerger une agriculture "durable". Le pied réglementaire prend de la vigueur. On lui doit par exemple la limitation des émissions des voitures neuves, les économies d'énergie dans le bâtiment, les obligations de transparence sur les émissions ou la "taxe carbone aux frontières". Mais l'Europe doit encore apprendre à marcher -) donc coordonner ses 2 pieds - dans le monde fini. Suivent plusieurs paragraphes mentionnant que "notre travail" va permettre d'avancer dans la bonne direction. Mais ce discours - qui parle surtout d'intendance à court terme, certes utile - ne décrit pas de grand projet cohérent de long terme qui soit lisible (et donc qui motive à travailler). Peut-être n'était-ce pas le moment d'en parler.