jancovici-updates/true_content/posts/2021/12/change-me-453.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

2.5 KiB

date li-id li-url title
2021-12-15T14:54:08 6876897155487981569 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_ice-shelf-holding-back-keystone-antarctic-activity-6876897155487981569-2PSG CHANGE_ME 453

Une partie de la superficie future du continent européen est peut-être en train de se joue en ce moment du côté de l'Antarctique. En ce début d'hiver, où les températures (en France métropolitaine) sont de saison (ce qui n'est pas le cas aux USA où des épisodes 20°C au-dessus des normales ont été constatés en décembre : https://lnkd.in/eC6MqmVq ), nous ne pensons plus spontanément aux conséquences "chaudes" de la dérive climatique.

Malheureusement cela n'est pas suffisant pour les arrêter. Un article (pas "à comité de lecture") tout juste publié dans Science.org indique une faiblesse du glacier Twaites, situé en Antarctique de l'Ouest. Ce glacier, situé sur la partie de l'Antarctique qui fait face au Chili, et de la taille de la Floride, se termine par une langue flottant sur la mer. Il est par ailleurs posé sur un socle rocheux sous-marin, comme une large partie de l'Antarctique de l'Ouest et une partie de l'Antarctique de l'Est.

Sa taille et sa position en font une "clé de voute" de l'ensemble de la calotte antarctique de l'Ouest. Or, la langue terminale de ce glacier commence à être "grignotée par en dessous" par une mer plus chaude. Cela accélère le déversement de glace dans la mer. Si l'ensemble de ce glacier venait à se désagréger en icebergs (pas en une semaine, mais possiblement à l'échelle du siècle), cela pourrait par contrecoup conduire à la dislocation de l'ensemble de l'Antarctique de l'Est.

Un article récemment paru dans Nature (https://lnkd.in/e2T9MYUa ) indique que, pendant la dernière déglaciation, les processus de retrait des glaciers de cette calotte devenaient irréversibles pour plusieurs siècles. Les points de bascule sont encore mal identifiés, mais la conclusion de l'article est que nous pourrions être en train de vivre l'un d'eux, auquel cas nous avons "signé" pour une hausse de plusieurs mètres du niveau de l'océan quoi que nous fassions. Du reste le dernier rapport du GIEC indiquait qu'une élévation de l'océan mondial supérieure à 15m ne pouvait être exclue en 2300 à cause de l'instabilité sur les calottes antarctique et groenlandaise.

Pour maximiser la probabilité que cela n'arrive pas, il n'y a qu'une seule chose à faire : baisser massivement les émissions planétaires à partir de demain matin.