jancovici-updates/true_content/posts/2022/01/change-me-421.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-01-13T09:19:27'
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title: CHANGE_ME 421
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Comment va votre meilleur ennemi climatique ? Très bien merci ! Ainsi pourrait se résumer cette chronique que Jean-Marc Vittori consacre au charbon dans Les Echos. Il y constate - à regret - que ce combustible occupe la même part dans la production électrique mondiale en 2019 qu'en 1973.
Par contre, ce n'est pas au même endroit que ca se passe. En 1973, la première zone de consommation au monde était... l'Europe, avec 30% du total mondial. En 2020 ce n'est plus que 4%, et la "résistance" transitoire de l'Allemagne sur le sujet est en fait l'arbre qui cache la forêt, même si on peut regretter (et je le regrette) que notre voisin du nord ait fait le mauvais arbitrage entre charbon et nucléaire.
Incidemment, mais à plus petite échelle, la France connaît une situation proche : les plafonds réglementaires de fonctionnement des centrales à charbon vont être relevés.... à cause d'un nucléaire insuffisamment disponible, pour partie fortuitement (centrales arrêtées à la demande de l'ASN pour remplacement de pièces dans les dispositifs de secours ; maintenance décalée à cause de la baisse de production due au covid) et pour partie délibérément (fermeture de Fessenheim). Mon homonyme de prénom se permet incidemment de rappeler un tweet d'Emmanuel Macron qui en 2017 annonçait que le charbon dans l'électricité serait supprimé pendant son mandat :).
Le climat n'est en fait pas du tout la cause première de cette diminution en Europe : elle est due à la baisse des ressources minières du Vieux Continent, qui a démarré l'exploitation de ce combustible solide il y a plus 2 siècles. Le pic de production, il s'est très bien matérialisé dans le charbon européen ! Et la raison première pour laquelle l'Hexagone a fait du nucléaire et non du charbon n'est pas par "vertu climatique", mais tout simplement parce que notre sous-sol ne contenait déjà plus beaucoup de houille (ou de lignite) au moment des chocs pétroliers.
Cette baisse a aussi eu lieu ailleurs dans les "vieux pays industrialisés" : les USA étaient à 21% du total mondial en 1973 ; ils sont descendus à 6%. Là, c'est l'économie qui a chassé le charbon (et pas non plus la vertu climatique) : le gaz est devenu moins cher. L'URSS était à 22% ; les pays de l'ex-bloc soviétique sont collectivement descendus à 4% en 2020. A nouveau peu de vertu dans l'affaire, mais surtout l'arrivée d'un gaz domestique disponible en abondance (en valeur absolue le charbon n'a pas tant baissé que cela mais en part relative oui).
Le charbon, aujourd'hui, c'est à notre Est lointain que cela se passe : la Chine utilise 50% du total mondial, puis arrive l'Inde avec 12%, l'Asie au total faisant 80%. La question qui n'est pas posée dans la chronique, mais qui est bien celle qui compte, est : que pouvons nous y faire ?