jancovici-updates/true_content/posts/2022/01/change-me-427.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-01-08T11:01:35'
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title: CHANGE_ME 427
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Après avoir créé un "marché de l'électricité" qui n'avait aucune espèce de pertinence, les pouvoirs publics, mais aussi les consommateurs, se rendent compte que "pas de marché" est plus simple pour avoir des prix stables quand les facteurs de production font du yoyo (quelle découverte !).
Dans un système intégré et régulé, si le gaz se met à valoir beaucoup plus cher, cela augmente le cout de production d'un peu moins de 5% de la production électrique française (celle qui est faite au gaz). 5% de la production qui passe de 40 à 400 euros le MWh, c'est 20 euros de plus en moyenne par MWh livré au consommateur, soit beaucoup moins que ce que le gouvernement a mis à la charge des mêmes consommateurs avec les augmentations de prix dues au déploiement du solaire et de l'éolien (la fameuse CSPE). Pas de quoi en faire un fromage.
Mais dans un marché ouvert, le prix de l'ensemble de ce qui est vendu s'ajuste sur le cout de production le plus élevé du moment. Et là cela signifie que l'ensemble de ce qui est produit se vend beaucoup plus cher, la hausse allant dans la poche des producteurs et des intermédiaires.
On en revient alors à cette demande éternelle des acteurs du privé : privatiser les profits (quand tout va bien) et socialiser les pertes (quand tout va mal). Le beurre et l'argent du beurre....
Dans les demandes du privé (particuliers inclus) arrive l'idée d'augmenter la part de l'électricité que EDF produit et est obligé de vendre à perte (je dis bien à perte) à ses concurrents et aux gros consommateurs industriels, l'ARENH (accès régulé à l'électricité nucléaire historique). Ce tarif est une invention des adorateurs du marché qui a conduit, quand "tout allait bien", à transférer de la rente d'EDF à des acteurs privés (qui n'ont rien investi du tout avec cet argent qui leur est tombé du ciel) parce que ca allait censément être mieux pour tout le monde.
Pour tenter de "réparer" les conséquences de cette erreur (avoir créé un système éclaté et complexe) on va en faire une deuxième : faire les poches du gestionnaire des centrales pour tenter de corriger à la volée des prix excessifs nés du système défaillant. Ca ne supprimera pas la volatilité mais appauvrira l'opérateur à qui on demande par ailleurs de garantir un système stable et fiable (et, en plus, il n'est pas du tout sur que les "concurrents" qui ont accès à plus d'arenh répercutent à leurs clients la totalité du gain pour eux !).
Il y aurait beaucoup plus simple : constater que, dans un monde volatil parce que physiquement contraint (rappelons que la Mer du Nord a entamé sa descente terminale sur sa production de gaz, et que les russes ne nous en fourniront pas éternellement car leurs gisements s'épuiseront aussi), le marché à l'aval n'a pas d'utilité, et revenir au système intégré d'avant (ce qui suppose évidemment de faire accepter à la Commission que le marché n'est pas l'alpha et l'oméga en toutes circonstances). Une ambition pour la présidence française de l'Union ?