jancovici-updates/true_content/posts/2022/02/change-me-375.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-02-21T07:46:45'
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title: CHANGE_ME 375
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Il était à un peu moins de 60 dollars il y a un an, et même transitoirement à -37 dollars en avril 2020, au moment du premier confinement planétaire du au covid : le baril de pétrole approche désormais les 100.
Cette hausse n'est pas complètement une surprise : au moment du covid, le prix s'étant effondré, les investissements dans la production ont fait de même, et du coup au moment où le monde voudrait en consommer plus, l'offre ne suit pas.
Les pays de l'OPEP+, par exemple (l'OPEP + rassemble les pays de l'OPEP et une dizaine d'autres dont la Russie, le Kazakhstan et le Mexique) produisent actuellement en dessous du quota qu'ils se sont fixé. Dans les diverses causes auxquelles on peut penser, il y a tout simplement le fait qu'il ne leur est techniquement pas possible de sortir plus de barils actuellement, par manque de capacités de production... ou de pétrole à extraire.
Certains de ces pays ont en effet passé leur pic de production de manière certaine (le Mexique, l'Algérie, le Nigéria ou encore le Venezuela, et la Russie - 30% du pétrole utilisé en Europe - n'en est pas loin si ce n'est déjà fait) et la question se pose pour d'autres.
Rappelons que, pour le pétrole dit "conventionnel" (tout ce qui n'est pas shale oil et sables bitumineux), le pic mondial a été passé en 2008, aux dires de l'Agence Internationale de l'Energie.
Du coup, et c'est exactement ce que suggère cet article, en cas d'insuffisance de production, il n'y a pas d'autre manière d'équilibrer la situation que de détruire de la demande. Cela passe notamment par des prix qui montent.
Il est assez facile de théoriser que lorsque l'économie manque d'un facteur de production qui lui est essentiel (ce qui est le cas pour le pétrole, sans lequel il n'y a pas de monde "moderne"), le prix de ce dernier devient volatil. Au début, le prix monte, mais comme par ailleurs la substance est physiquement indispensable, son défaut détruit du PIB. Cette destruction fait baisser la demande, et du coup le prix baisse.
A ce moment les producteurs ne sont pas incités à faire sortir de terre le baril marginal (qui est le plus cher), alors que les gisements en cours d'exploitation voient globalement leur production baisser, et l'offre se tasse. Même avec une demande diminuée, le prix se met alors à remonter, et c'est reparti pour un cycle. La "longueur d'onde" de cette volatilité est notamment fonction du temps de mise en oeuvre des investissements pour faire remonter (autant que faire se peut) la production.
Ne pas décarboner nos économies (et en particulier ne pas les "dépétroliser") de manière organisée nous exposera de manière structurelle à cette volatilité des prix du pétrole, et, par effet de ricochet, à une volatilité de beaucoup d'autres prix (comme ceux du gaz. Et du coup, cela légitime cette plaisanterie des personnes du secteur : en matière de pétrole, vous pouvez donner un prix ou vous pouvez donner une date, mais jamais les deux en même temps !