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2022-03-25T07:25:13 | 6913022967245381632 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cest-peu-dire-que-le-p%C3%A9trole-est-au-centre-activity-6913022967245381632-XMT0 | CHANGE_ME 338 |
C'est peu dire que le pétrole est au centre de notre actualité. A cause des russes, voilà qu'il faudrait s'en passer rapidement. En fait, russes ou pas, et même climat ou pas, il va falloir progressivement s'en passer.
La raison de base est simple : il faut de quelques dizaines à quelques centaines de millions d'années pour que le pétrole et le gaz se forment à partir de résidus de vie marine (https://lnkd.in/djAcDUP ). De ce fait, en première approximation ces ressources sont non renouvelables à l'échelle des temps historiques.
Pour extraire du pétrole et du gaz du sous-sol, il faut commencer par savoir où ils se trouvent. Difficile de faire sortir un pétrole sans savoir où il est !
Or, depuis le début des années 1980, les découvertes annuelles sont devenues inférieures, puis très inférieures à la production. En agrégeant pétrole et gaz, nous extrayons de terre un peu moins de 60 milliards de barils (ou d'équivalent baril pour le gaz) par an. En face de cela, les découvertes de ces dernières années se promènent entre 5 et 15 milliards de barils ou équivalent baril par an (graphique ci-dessous ; source Rystad Energy).
Quand le prix du baril augmente fortement, il devient plus rentable pour les pétroliers de faire sortir de terre des hydrocarbures "compliqués" (petits gisements, et/ou très profonds, et/ou gaz très éloigné des infrastructures de transport, pétrole de "mauvaise qualité", etc). Du coup ils relancent l'exploration dans l'espoir de trouver "n'importe quoi", et les découvertes, même insuffisantes pour contrebalancer l'extraction, augmentent un peu dans les années qui suivent.
A l'inverse, quand le prix du baril baisse, ces efforts diminuent aussi, et en conséquence logique les découvertes baissent par rapport à la tendance de fond.
Mais dans tous les cas de figure, on voit bien que le stock extractible identifié diminue nécessairement dès lors que les découvertes sont très inférieures à l'extraction. C'est ce qui a conduit The Shift Project, sur la base d'une analyse effectuée sur une base de données portant sur l'ensemble des gisements (exploités ou pas) dans le monde, et confiée notamment à deux anciens dirigeants de l'exploration-production de Total, à conclure que le "sevrage pétrolier" attendait l'Europe - et en fait l'humanité - pour les décennies à venir, Ukraine ou pas : https://lnkd.in/dwPcgve
Or le pétrole, c'est l'économie. Sans pétrole pas de transports abondants, donc pas de système productif opérationnel et fin des chaines de valeur mondialisées. C'est pour cela que depuis des décennies la variation du PIB mondial suit très exactement la variation de la production mondiale de pétrole. La conclusion logique de tout cela est que le prochain mandat présidentiel - et les suivants - doit pouvoir "flotter dans une Europe en décroissance".