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date: '2022-04-10T10:13:22'
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li-id: 6918863489679675392
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li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_changement-climatique-quapporte-le-volet-activity-6918863489679675392-WaAn
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title: CHANGE_ME 319
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Dernière chronique du Samedi matin sur RTL avant le premier tour. Elle part du dernier rapport du GIEC, celui du groupe 3, qui porte sur les marges de manoeuvre.
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Ce rapport est par nature bien plus délicat à interpréter que les groupes 1 et 2. Reprenons du début : un rapport du GIEC part toujours de ce qui a été publié dans les revues à comité de lecture des disciplines couvertes. Pourle groupe 3, il s'agit très souvent d'économie.
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Conséquence logique : la synthèse du groupe 3 "incorpore" donc - mais sans le rappeler - les limites de l'économie en général. Cette discipline s'appuie avant tout sur des conventions humaines, ou sur des scénarios qui partent d'hypothèses postulées et non démontrées.
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Première limite : parler prix est par définition supposer l'existence d'un marché (c'est tellement évident ; on l'oublie souvent !). Mais tout n'est pas marchand dans nos sociétés. Pour revenir à l'actualité du jour, le droit de vote n'a pas de valeur marchande, or l'avoir ou pas change un peu l'avenir...
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Après il y a des limites qui viennent non pas des outils utilisés mais de nos "oeillères" culturelles. Par exemple je ne connais pas de simulations économiques qui explorent une productivité qui décroit à peu près comme les émissions (parce que les émissions c'est de l'énergie, l'énergie c'est des machines, et ce qui a augmenté la productivité ce sont les machines !). Du coup la productivité augmente par hypothèse dans tous les travaux économiques, et en conséquence les marges de manoeuvre techniques sont systématiquement "de moins en moins chères". Est-ce si sur ?
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L'économie théorique prend toujours le PIB (ou la productivité du travail et la population, ce qui revient au même) comme donnée d'entrée des modèles et non comme donnée de sortie. Comme la croissance est désirable (!), le PIB est supposé croissant, et "appelle" des ressources conventionnellement disponibles.
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Impossible de voir venir les limites physiques à la production - qui existent pourtant - avec un tel raisonnement !
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Cela explique pourquoi on trouve p. 27 du résumé pour décideur - https://lnkd.in/e_6VyaAy - l'hypothèse que le PIB croit sans discontinuer jusqu'en 2100 quel que soit le scénario d'émission :).
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Avant la publication de ce rapport, The Shift Project a envoyé au GIEC une remarque pour souligner que :
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- les scénarios hauts (SSP 8.5 voire 7.0 ; https://lnkd.in/ehJGzTmi ) supposent une disponibilité en combustibles fossiles qui pose question.
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- les scénarios bas (SSP 2.6 et SSP 1.9) supposent un découplage entre émissions et PIB - et donc un découplage entre émissions et productivité du travail - qui pose aussi question.
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Rappelons que le GIEC a pour mandat d'informer mais non de prescrire l'action (en anglais on dit "policy relevant but not policy prescriptive"). Mais l'économie ne permet pas de bien faire la différence. Est-ce ne pas être "prescriptif pour l'action" quand on écrit que toute marge de manoeuvre peut s'inscrire dans un avenir en croissance ? |