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2022-05-14T09:14:57 | 6931169978029121536 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_appel-%C3%A0-d%C3%A9serter-remise-des-dipl%C3%B4mes-agroparistech-activity-6931169978029121536-1Cpm | CHANGE_ME 280 |
Après le discours d'un jeune diplômé de Centrale Nantes qui avait déjà fait un peu de bruit (https://lnkd.in/eAyiq7At), c'est au tour d'un groupe de jeunes diplômés d'AgroParisTech de dire son malaise à l'idée de se mettre au service d'un projet dans lequel ils ne se reconnaissent pas.
Une fois ce constat posé arrive inévitablement la question suivante : que faire ? Et si le système doit être changé, faut-il entrer dans les organisations existantes pour les modifier de l'intérieur, ou "déserter", c'est à dire s'y opposer de l'extérieur ?
La bonne réponse emprunte probablement aux deux. En espérant que cela sera utile, voici quelques constats issus de ma modeste expérience :
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"de l'intérieur", un jeune fraîchement diplômé a un pouvoir plus que réduit pour "tout changer". Le pouvoir dans l'entreprise est exercé par des cadres qui ont déjà de l'expérience (au moins 10 ans et souvent 20 à 30). Et la crédibilité s'acquiert surtout par des expériences de gestion opérationnelle (patron(ne) d'une unité de production, responsable d'une marque, d'une zone, d'un centre de R&D, etc), et rarement par des expériences fonctionnelles comme la RSE, la seule exception étant celle de la personne en charge des finances... c'est à dire de l'indicateur conventionnel qui pose justement problème. Dit autrement, en entreprise on ne peut être crédible pour changer les choses de l'intérieur qu'une fois que l'on a contribué à perpétuer la situation à problème telle qu'elle est. Problème !
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par contre, dire que l'on ne veut pas aller dans une entreprise qui ne fait pas d'efforts, ou la quitter rapidement après y être entré pour cette raison, a de l'impact si ce mouvement se généralise. J'ai observé plusieurs fois des dirigeants d'entreprise impulser des "grandes manoeuvres" en constatant que leur entreprise perdait rapidement en attractivité auprès des jeunes. Le manifeste Pour un réveil écologique oeuvre en ce sens.
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la bonne combinaison de l'expérience et de l'action vient en général de personnes plus âgées - donc vues comme plus crédibles - qui ont compris de l'intérieur le fonctionnement, connaissent les codes, puis se sont mises "à l'extérieur" pour bousculer les acteurs. Cela donne des entités qui d'entrée de jeu se positionnent pour "changer les choses" (une tentative de recension existe là : https://shiftyourjob.org/ ). A ce moment la bonne question est de savoir évaluer la le potentiel de contribution de l'entreprise en question. La clé de la réponse à cette question s'appelle la connaissance fine du problème à résoudre.
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les aventures individuelles "dehors" (devenir peintre ou apiculteur) aident le reste de la société à bouger dans le bon sens si elles sont reproductibles à large échelle ou essentielles dans l'ensemble. Pionniers et marginaux ne sont pas exactement la même chose !
"Déserter" au sens de "ne plus entendre parler du problème" n'est hélas pas possible. Qu'on le veuille ou pas, nous sommes tou(te)s dedans !