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| 2022-06-11T09:32:04 | 6941321143370850304 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_face-%C3%A0-la-bifurcation-des-jeunes-dipl%C3%B4m%C3%A9s-activity-6941321143370850304-RrYS | CHANGE_ME 248 |
Fondée en 1783, l'Ecole des mines de Paris est une des plus vieilles écoles d'ingénieurs de France. Après avoir contribué pendant 2 siècles au développement de l'industrie française dans le monde infini, elle est maintenant en train de s'illustrer en devenant l'école la plus en pointe dans l'adaptation des formations d'ingénieur au monde fini. Les élèves y démarrent désormais leur scolarité par près de 100 heures de cours qui décrivent les limites planétaires. Aucune autre école ne fait cela à ma connaissance, ni même la moitié (bravo Vincent donc !).
Les Mines favorisent aussi - à raison - les approches pluridisciplinaires. A mon modeste niveau j'ai déjà encadré des élèves ingénieurs du Corps qui avaient des projets en commun avec des énarques, chose dont je n'ai entendu parler nulle par ailleurs.
En modifiant aux Mines l'enseignement comme cela a été fait, il ne s'agit pas seulement de "répondre à l'aspiration des élèves", ou plutôt cette dernière procède d'un élément évident : il est plus que pertinent d'adapter l'enseignement au monde tel qu'il sera, et non au monde tel que nous aimerions qu'il soit.
Le monde tel qu'il sera est fini et très très peuplé. Il sera de plus en plus difficile d'y avoir ce que l'on veut comme ressources minérales, métalliques, fossiles, vivantes, agricoles, sans parler du reste.
Face à ce constat, quelle a été l'orientation choisie par nombre d'établissements de premier plan, il est vrai fortement incités par l'Etat ? Se regrouper sur le plateau de Saclay pour monter dans le classement de Shanghaï. La belle affaire ! Ce n'est pas ce classement qui nous permettra de nous nourrir avec moins de pluie ou de nous déplacer avec moins de pétrole. Ce n'est pas ce classement qui permettra d'éviter les migrations et de préserver la paix.
Face au problème que nous avons devant nous, la voie à choisir est simple : il faut attirer les meilleures cervelles pour leur demander de s'attaquer au plus monstrueux problème d'optimisation sous contrainte que nous ayons sur les bras, à savoir forger un avenir désirable avec des ressources physiques et vivantes en déclin. Ca sera autrement plus difficile que de mettre au point la 6G ou l'hyperloop...
La France a une longue tradition d'excellence de ses ingénieurs. Profitons en pour devenir les meilleurs dans l'organisation de la décarbonation. Ce sera utile pour nous puisque de toute façon les combustibles fossiles importés en Europe seront de plus en plus contraints. Ce sera utile pour nous parce que de toute façon le climat dérivera de plus en plus. Ce sera utile pour nous parce que la mondialisation et la facilité d'accès aux ressources métalliques vont baisser de toute façon. Et ca sera exportable parce que tout le monde va finir par avoir le même problème. Agir en ce sens n'est pas se contraindre ou se tirer une balle dans le pied, c'est faire la course en tête. Avis à toutes les autres écoles ! (dont "la mienne", l'X, bien trop timide sur ce plan là...).