jancovici-updates/true_content/posts/2022/08/change-me-169.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 169
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L'inflation est dans tous les esprits. Elle concerne l'énergie, certes, mais aussi la nourriture (pour des causes qui ne sont pas uniquement énergétiques : sécheresse et grippe aviaire jouent aussi leur rôle).
Toutefois, en série longue, les prix actuels de la nourriture sont, dans les pays occidentaux, ridiculement bas comparés à ce qu'ils étaient il y a un siècle. Le graphique en commentaire - effectué avec des données du département US de l'agriculture, mais l'évolution en France a été à peu près identique, parce que les déterminants sont les mêmes - donne la part du revenu disponible que les ménages américains consacrent à l'achat de nourriture, au domicile (en vert clair) et en dehors du domicile (restaurants, fast-food, etc ; en bleu).
On voit que la nourriture au domicile, qui représentait un cinquième du revenu disponible des ménages américains en 1929, ne représentait en 2021 plus que 5%. Alors que la quantité de viande mangée par an a doublé environ, le budget alimentaire (hors restaurants) a été divisé par 4. Merci le pétrole, le charbon et le gaz :)
Ce qui va faire mal, dans cette histoire, n'est pas de payer la nourriture un peu plus cher. En faisant un peu le ménage dans nos achats (Les Echos rappellent que les produits les plus achetés sont des boissons et du Nutella) on y arrivera. C'est la fin de l'illusion collective que nous avons développée (merci les économistes) que les prix alimentaires (et les autres) seraient éternellement de plus en plus bas, libérant ainsi une fraction de plus en plus importante de notre revenu pour "autre chose" (des téléphones, des loisirs, de la mobilité, des vêtements, etc).
Malheureusement il faut se rappeler que la baisse des couts, ce sont essentiellement les machines - donc l'énergie - qui l'ont permise. L'avenir sera donc pour partie le passé. Dans un monde sobre en énergie, la productivité va baisser, ce qui sera une bonne nouvelle pour l'emploi et une mauvaise pour le pouvoir d'achat.
Avec moins de machines, la nourriture, comme le reste des produits de consommation, va valoir en tendance plus cher (en particulier dans les villes, parce que le transport à l'ère de la sobriété énergétique sera plus rare donc plus cher), surtout si l'on rajoute la pression climatique. Les banquiers centraux qui veulent contenir l'inflation (https://bit.ly/3AvumBI ) n'ont pas fini de se gratter la tête !
La réponse à cette inflation va donc s'appeler réorganiser nos achats vers plus de produits bruts et refaire la cuisine. Mais par ricochet cela va modifier beaucoup d'autres morceaux de l'économie : l'emploi dans l'agroalimentaire, la distribution, les transports, la fabrication d'emballage, mais aussi... dans les media. Car un secteur agroalimentaire plus petit aura moins de budgets pour la pub, ce qui fera moins de recette pour la presse audiovisuelle.