jancovici-updates/true_content/posts/2022/09/change-me-144.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

23 lines
No EOL
3.2 KiB
Markdown

---
date: '2022-09-20T07:06:11'
li-id: 6977885605259001856
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_how-are-we-decarbonising-our-corporate-bond-activity-6977885605259001856-Yr3I
title: CHANGE_ME 144
---
Depuis la création de l'Euro, la création monétaire dans la zone est la prérogative exclusive de la Banque Centrale Européenne (BCE). Du coup, les états adhérents à la monnaie unique ne peuvent plus financer le déficit de l'Etat par de la création monétaire décidée unilatéralement : dès qu'il y a un trou, il faut emprunter de l'argent, "sur les marchés", c'est à dire en pratique à des épargnants (l'assurance vie contient surtout des emprunts d'Etat, par exemple).
Si l'économie souffre, et que les flux d'épargne baissent alors même que les recettes fiscales diminuent, la seule solution pour l'Etat est de monter les taux des emprunts qu'il effectue. Cela déclenche potentiellement une spirale infernale, avec des emprunts perpétuellement croissants en nominal pour rembourser capital et intérêts des emprunts passés, et alors que les produits des impôts n'augmentent pas (la création monétaire permettait de boucher le trou, mais avec un inconvénient qui était la dévaluation de fait de la monnaie).
Pour éviter aux état européens concernés de se retrouver dans une trop mauvaise passe après 2008 (date qui marque une "inversion des flux physiques" en Europe ; le covid ayant rajouté une couche à une évolution de fond), la BCE a depuis massivement acheté les obligations émises par les états (avec de l'argent magique puisqu'elle peut en créer autant qu'elle veut).
Elle a fait de même avec les entreprises, pour soutenir l'économie, avec pour conséquence que son "total de bilan" (la valeur de tout ce qu'elle détient, essentiellement des titres) a été multiplié par... 8 en 14 ans (voir graphique en commentaire).
A quelque chose malheur est bon : la BCE a décidé en juillet dernier qu'elle allait désormais faire intervenir le critère carbone dans ses achats d'obligations d'entreprises (les obligations d'état, dites "souveraines", ne sont pas - encore ? - concernées). En pratique elle va faire de plus en plus la fine bouche pour acheter des obligations émises par des entreprises dont l'activité n'est "pas raccord" avec la baisse des émissions. C'est un geste majeur, parce que jusqu'à récemment la BCE considérait que son rôle n'était pas de se substituer aux états pour orienter l'économie vers la décarbonation (la politique monétaire doit être "neutre").
La BCE a publié hier la manière dont elle allait procéder. 3 critères vont être utilisés pour évaluer les entreprises concernées :
- l'empreinte carbone et son évolution passée
- les objectifs fixés
- le degré de transparence sur la publication des émissions.
A Carbon 4 Finance nous croisons les doigts : il se trouve que la BCE est notre cliente depuis quelques mois (https://bit.ly/3BR9B5k ), et il se trouve que notre méthode Carbon Impact Analytics propose très exactement les métriques qui seront utilisées (https://bit.ly/3Unlwza ). Comme notre première vocation est d'avoir de l'impact ("être utiles à quelque chose"), nous serions heureux de contribuer à cette évolution.