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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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2022-09-19T14:03:27 6977628227338956800 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_donn%C3%A9es-climatiques-il-faut-mesurer-le-activity-6977628227338956800-lkoZ CHANGE_ME 145

C'est une bataille qui se joue dans les coulisses, et qui attire un peu moins l'attention que l'Euro de foot ou les matchs de Roland Garros. Mais elle pourrait avoir un impact très significatif sur la manière dont les entreprises seront contraintes - ou pas - de diffuser des informations sur leur prise en compte de la question climatique.

A la base de ce débat se trouve une notion qui s'appelle la "matérialité du risque". De quoi s'agit-il ? Il s'agit de disposer d'éléments qui sont associés à l'existence d'un risque (et donc qui permettent de le "matérialiser".

Dans le domaine du climat, le premier camp est composé des partisans de la "simple matérialité", qui disent que la seule chose importante est de s'occuper de ce qui peut créer un risque financier à relativement court terme pour l'entreprise (sans surprise les américains sont généralement de ce côté là).

A ce moment on demande à l'entreprise de produire uniquement les indicateurs qui sont susceptibles de se traduire en un risque direct et proche dans le temps, via une taxation du carbone par exemple.

En face se trouve le camp des partisans de la "double matérialité". Ceux là disent qu'il faut aussi inclure ce qui permet de comprendre l'impact de l'activité de l'entreprise sur le climat, parce que cet impact contribue au risque pour l'ensemble de la société (et pas juste pour l'entreprise). Ce camp là est plutôt représenté par les européens et demande beaucoup plus d'indicateurs que les autres. Mais comme il est plus contraignant, et que les entreprises n'innovent que sous la contrainte, il est aussi potentiellement plus efficace !

Au travers de diverses initiatives - dont la création de l'ISSB par la fondation IFRS - les américains sont en train d'essayer de normaliser le reporting carbone à leur avantage (donc avec peu d'indicateurs et peu de contraintes).

On note en ce moment l'omniprésence de Bloomberg dans ce combat, lequel Bloomberg a réussi à se faire nommer envoyé spécial de l'ONU "pour lambition et les solutions en faveur du climat" : https://lnkd.in/eVhR8QJv

Avouez qu'avoir l'ONU comme agence de RP pour vendre ses données (car le métier de Bloomberg est de vendre de la donnée aux financiers) ca en impose !

Cela en impose tellement que le même Bloomberg a récemment réussi à embarquer notre président dans une initiative contraire aux intérêts de notre pays, ce qui avait conduit à la publication de cette tribune dans Le Monde : https://bit.ly/3DwDTM5

L'auteure de la tribune ci-dessous se demande également pourquoi notre président soutient "le camp adverse" alors que notre pays est en avance sur les USA dans le domaine des méthodes de reporting, et que celui qui fait la norme fera le marché. Bonne question.