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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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2022-09-05T07:06:32 6972449875397341184 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_les-d%C3%A9sarrois-des-politiques-devant-le-monde-activity-6972449875397341184-6DC2 CHANGE_ME 159

Et de deux : Eric Le Boucher, éditorialiste aux Echos, rejoint les "post-libéraux". Lui qui fut un grand défenseur du "marché" signe une tribune dans le quotidien de l'économie dans laquelle il prend acte du fait que, dans un certain nombre de domaines, cette manière de voir n'a pas amené le monde merveilleux.

Prix qui font n'importe quoi (pour l'électricité et le gaz c'était par ailleurs le sujet de ma chronique de Samedi dernier sur RTL : https://bit.ly/3THuUNA ), sécurité d'approvisionnement non garantie, bulles sur les actifs, et pas plus de prise en compte du changement climatique qu'avant : la concurrence partout et tout le temps n'est donc pas le système parfait qui permettrait de faire à la fois une planète préservée, un cadre prévisible et un consommateur comblé.

Mais alors, par quoi remplacer cette "économie libérale" qui a été largement au centre de la production du monde académique - et donc des politiques publiques - ces dernières décennies ? Le Boucher fait le constat - que je partage - que pour le moment il n'y a pas de relève théorique. Il y a bien des promesses simplistes dans certains courants politiques, mais pas de système économique conceptualisé de A à Z qui partirait d'hypothèses différentes de celles qui alimentent aujourd'hui la pensée dominante.

Etonnamment, la pensée libérale s'invite même quand il s'agit de régler le problème causé par la pensée en question ! Par exemple nombre d'économistes du changement climatique postulent que le bas prix des ENR aujourd'hui garantit leur disponibilité physique demain, ce qui est très exactement la manière de voir pour tout bien qui prévaut en économie libérale (si les prix ont baissé hier alors la disponibilité physique croissante est garantie demain, mais on voit bien avec le passé récent que ce n'est pas aussi simple).

Le Boucher ose aussi écrire "Comme une économie décarbonée sera moins efficace et plus chère (sauf rupture technologique), la lutte pour le climat se résume en fait à un problème social. Il va falloir enfin le dire clairement et ajouter que pour aider les plus fragiles, il faudra bien prendre l'argent ailleurs et où."

Il a tout à fait raison, puisque le carbone c'est notre costume d'Ironman qui rend l'économie efficace (c'est-à-dire productive). C'est l'impensé des Nations Unies qui, avec les 17 objectifs du développement durable, affirment explicitement que nous aurons de la croissance verte (l'objectif 8 c'est la croissance économique).

Penser l'économie autrement demande donc de repartir des axiomes de départ et d'en prendre d'autres (en particulier d'intégrer explicitement les ressources physiques dans la fonction de production). Il s'agit donc de rien moins que de mettre bas l'essentiel de la littérature académique passée pour repartir sur de nouvelles bases. La question est : aurons nous le temps de théoriser ce qu'il faut faire avant de nous lancer dans l'action ?