jancovici-updates/true_content/posts/2022/09/change-me-163.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-09-02T08:07:28'
li-id: 6971378047006478336
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title: CHANGE_ME 163
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"la question du pouvoir d'achat (...) trône au centre de toutes les préoccupations", écrivent Les Echos dans un article réalisé à partir d'un sondage mené auprès de nos concitoyen(ne)s.
Reprenons depuis le début : en économie, le pouvoir d'achat correspond à "la quantité de biens et de services quun revenu permet dacheter" (https://bit.ly/33SRrMZ ).
Mais... pour "pouvoir acheter", il faut que des biens et services aient été produits. Il faut alors des ressources naturelles pour fabriquer fourchettes et cartables, jouets pour Noel et chemises, voitures et immeubles, rouges à lèvres et papier toilette, et il faut des machines pour transformer ces ressources bien plus puissamment que nos muscles (voir https://bit.ly/3KGa7pC ou relire Le Monde sans Fin !).
Même les services sont dépendants de substrats matériels (typiquement l'ordinateur sur lequel je tape ce post) et ont un "contenu matière et énergie".
Regardons maintenant devant nous. La machinerie mondiales utilise avant tout du pétrole, du gaz et du charbon. Que ce soit pour des raisons climatiques, ou par épuisement des ressources, ces "croquettes pour machines" vont devoir baisser. Idem pour les métaux (les mines sont épuisables), les espèces vivantes, sans lesquelles l'appareil productif s'arrête, et avec les produits et services disponibles. Le "pouvoir d'achat" va donc fatalement baisser (par inflation ou par pénurie) en tendance à l'avenir.
Lorsqu'un indicateur que nous aimerions voir monter doit baisser, il est sage d'arrêter de se focaliser dessus. Par quoi, alors, remplacer ce fichu pouvoir d'achat, qui va nous donner quelques sueurs froides à un horizon proche ?
Un certain nombre d'organisations - syndicales, associatives, mutualistes - ont proposé le concept de "pouvoir de vivre", qui tient compte de 66 critères, certains économiques, mais beaucoup sociaux et environnementaux (https://bit.ly/3ehl8ll ).
Dans le contexte actuel, cette démarche paraît tout à fait sensée. Si l'on inclut dans nos objectifs le "pouvoir voir un arbre" (ce qui est bon pour le moral, les études le montrent), "pouvoir respirer un air correct", "pouvoir compter sur ses voisins", "pouvoir avoir le sentiment d'être reconnu", "pouvoir disposer d'un climat pas trop déréglé", etc, et pas juste "pouvoir acheter un smartphone plus gros" ou "pouvoir acheter une bouteille de coca", il doit être possible de faire un indicateur qui lui montera alors même que nous allons devoir devenir sobres.
Mais il ne suffit pas d'un concept pour aller de l'avant : il faut aussi des outils pratiques. Comment pondérer la vue sur un arbre vs. l'achat d'un kinder bueno (noté E au nutriscore) ? Comment établir des comptes individuels (ce que l'argent permet) avec ce concept et en faire un indicateur d'arbitrage au quotidien ? Voici qui devrait urgemment inspirer un millier de thèses en "économie" dans notre pays. Car, sans proposition pratique, il sera hélas impossible d'avancer avant de subir.