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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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Le Journal du CNRS publie un article qui relaie une étude qui vient d'être effectuée par des chercheurs appartenant à des unités mixtes CNRS/Météo France. Ils ont recalibré les modèles qui portent sur le climat futur en France avec les données d'observation des dernières décennies, et cette opération conduit à un réchauffement plus marqué à la fin du siècle par rapport à ce qui était envisagé jusqu'alors.
Avec un scénario d'émission de type "2°C", conduisant donc la planète à se réchauffer de... 2°C en 2100 par rapport à 1900, la température moyenne monterait de 3,8 °C en France à cette échéance, contre 3,4 dans les précédentes estimations.
Une fois que l'on a dit cela, qu'en déduire ? D'abord que l'incertitude est bien le signe d'un risque non limité. Si il y a grande une incertitude sur le réchauffement à venir, quand le brouillard se dissipe on peut découvrir une situation moins affreuse que celle redoutée... ou bien pire.
Par ailleurs la difficulté pour savoir combien nous allons souffrir avec ce possible supplément de température moyenne est de passer de ce paramètre "primaire" qu'est la température à des conséquences "secondaires" sur la sécheresse des sols, la fonte des glaciers ou les tempêtes, et plus encore à des conséquences "tertiaires" sur les récoltes, les forêts, les infrastructures, les maladies, les migrations, les salinisations de plaines côtières, ou encore les dégâts des infrastructures de montagne causés par des éboulements de terrain venant de la fonte du pergélisol.
Or, ce sont ces conséquences "tertiaires" qui permettent de quantifier les dégâts possibles et les mesures de résilience que nous pouvons mettre en oeuvre, ou pas, avec les horizons de temps nécessaires pour se préparer... ou pour se préparer à souffrir.
Avoir une bonne idée de ces conséquences "tertiaires" ne demande pas que des modèles de climat améliorés : il faut mettre derrière ces derniers des modèles hydrologiques ou glaciologiques, des modèles de végétation, des modèles bactériologiques ou écosystémiques, des modèles énergétiques, bref il faut rajouter plein de couches et d'étapes de raisonnement, et cela explique qu'il reste presque aussi difficile de savoir à quel moment et de quelle manière nous vivrons l'irréparable avec 3,4 °C de réchauffement en France en 2100 qu'avec 3,8 °C.
Enfin, et pour finir de compliquer la chose, les conséquences ne sont pas proportionnelles à l'élévation de température. Pour les épisodes caniculaires par exemple, la fréquence d'apparition augmente bien plus vite que la température moyenne.
La principale conclusion que l'on peut tirer de cette analyse est juste que les ennuis seront globalement pour plus tôt et plus intenses plutôt que pour plus tard et plus facilement gérables. Et il n'est que temps de s'occuper un peu plus sérieusement de baisser les émissions d'une part, et surtout de se préparer au mieux à un accroissement de la résilience partout ou c'est possible d'autre part.