3.2 KiB
date | li-id | li-url | title |
---|---|---|---|
2022-11-03T17:19:59 | 6993985139571580929 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_frank-elderson-membre-du-comit%C3%A9-ex%C3%A9cutif-activity-6993985139571580929-zGjJ | CHANGE_ME 100 |
Frank Elderson, membre du comité exécutif de la Banque Centrale Européenne, utilise le blog de la BCE pour dire aux banques de la zone euro qu'elles ne tiennent pas assez compte des sujets climatiques et environnementaux dans la conduite de leurs affaires "ordinaires" : https://bit.ly/3NunD0U . Sa conclusion repose sur l'examen de 186 banques supervisées par la BCE, avec un total de bilan cumulé de 25.000 milliards d'euros.
L'auteur considère que les banques ne sont pas encore "en mesure d'identifier, d'évaluer, de contrôler et d'atténuer les risques inévitables découlant des crises climatiques et environnementales". Plus précisément, trois points sont l'objet de faiblesses importantes :
-
la méthode : 96% des banques auditées ne savent pas identifier correctement les risques liés au climat et à l'environnement dans leurs actifs. En particulier, elles ne collectent pas de données granulaires sur les contreparties et les actifs qui permettraient de faire des analyses fines sur les risques. Le dirigeant de la BCE fait aussi remarquer que le concept de "net zero en 2050" est souvent avancé sans définition claire de ce que cela recouvre, et sans définition d'objectifs intermédiaires indispensables pour l'action.
-
un écart entre discours et actes : alors que les documents de référence des banques évoquent abondamment le climat, dans la pratique les sources de revenus des banques sont aujourd'hui à peu près les mêmes "qu'avant". Lorsque des initiatives sont prises pour les clients les plus "intensifs en carbone", il n'est pas expliqué en quoi cela préfigure une action plus systémique pour rendre la banque globalement compatible avec une économie qui se décarbone rapidement
-
enfin des politiques annoncées mais non mises en oeuvre en pratique, y compris en ignorant des avertissements d'experts internes dans un certain nombre de cas.
Les bons points - car il y en a quand même - vont aux banques qui intègrent les risques physiques et de transition dans la couverture en capital de leurs engagements en fonction des "caractéristiques climat" de ces derniers.
Dans les recommandations du régulateur, il y a notamment :
- l'utilisation d'outils pour planifier la transition, avec la fixation d'objectifs intermédiaires.
- la collecte large d'informations, pour calculer des risques de manière granulaire
- l'intégration des risques de transition et physique de long terme dans l'évaluation des besoins en capitaux (argh ! le mot qui fâche une banque est lâché :) ).
- la gestion des risques liés à la perte de biodiversité
L'article se termine en disant que, en 2024, toutes les banques devront être "alignées avec les les exigences du régulateur". L'auteur ne dit pas ce que la BCE fera si cet objectif n'est pas atteint, mais la manière classique de gérer un risque considéré comme élevé dans le monde bancaire est d'exiger une couverture élevée en fonds propre pour les engagements concernés. La question est posée de savoir si c'est cela que la BCE a en tête.