3.2 KiB
date | li-id | li-url | title |
---|---|---|---|
2022-11-19T11:05:10 | 6999689020733554688 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_cop-27-jean-marc-jancovici-explique-pourquoi-activity-6999689020733554688-_8Pn | CHANGE_ME 85 |
Que penser de la COP 27, qui se termine (normalement) aujourd'hui en Egypte ? Rien de plus et rien de moins que ce qu'il faut penser des autres COP, ai-je tenté d'expliquer aujourd'hui aux auditrices et auditeurs (matinaux !) de RTL : le processus onusien conduira par nature à aboutir à un texte qui ne peut pas juridiquement contraindre quelque pays que ce soit à faire plus que ce qu'il désire déjà faire.
Rappelons que, depuis le Traité de Westphalie, les états sont souverains : un état ne peut imposer à un autre ses règles par le droit. Le processus onusien en prend acte, et demande à ce que les décisions soient prises à l'unanimité et par consensus. Une telle dynamique conduit nécessairement à un texte qui ne crée aucune obligation nouvelle significative pour les pays.
Il y a eu une exception dans l'histoire des COP, que je rappelle dans cette chronique, et qui a pourtant correspondu à l'année où la presse a conclu le plus rapidement que cela avait été un échec : Copenhague (la COP 15, en 2009).
Les "moins de 2°C" désormais associés à l'Accord de Paris datent en effet... de Copenhague, comme toutes les autres dispositions fortes qui ont été avalisées à Paris. Et ces éléments ont pu être actés parce que Copenhague a été, de façon imprévue, la seule COP qui ait été une OPA du G20 sur les Nations Unies.
Au retour de la COP - où j'avais été les 15 jours - j'avais pris la plume pour expliquer pourquoi elle était en fait l'un des rares succès des discussions internationales : https://bit.ly/3GuuPIT Ce mot d'échec est arrivé parce que c'est le processus et non le fond qui a été commenté par les ONG, les seules à pouvoir s'exprimer dans la presse à l'approche de la fin de la COP, alors que les délégations nationales étaient tenues au silence devant la réunion des présidents en cours.
Comme les danois avaient fait une erreur logistique en ne prévoyant pas assez de place pour laisser rentrer tout le monde la 2è semaine (alors que les délégations présidentielles étaient arrivés en masse), les représentants des ONG étaient passés de 5000 à... 90, et ceux toujours admis à rentrer dans l'enceinte de la COP étaient du coup très énervés par ce qu'elles considéraient être une entorse majeure au principe de transparence des négociations.
Si on y ajoute la forme de la discussion (exit les délégations nationales, remplacées au pied levé par des présidents discutant en direct dans une salle), cette fin de COP n'avait plus rien d'onusien, et c'est cela qui a conduit les ONG à parler d'échec à la presse, constat discutable mais devenu depuis l'évidence pour le public.
C'est pourtant à cet "échec" que l'on doit l'objectif politique des 2°C, désormais si précieux pour cadrer toute l'action - même insuffisante - des entreprises et des états dans les débats domestiques.
Si, du point de vue du formalisme onusien, elle est un succès, la COP 27 ne changera pas plus le cours des choses "à notre place" que les autres. Quoi qu'en dise la presse...