jancovici-updates/true_content/posts/2022/11/change-me-89.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

20 lines
No EOL
2.9 KiB
Markdown

---
date: '2022-11-14T07:59:52'
li-id: 6997830447921561600
li-url: https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_le-capitalisme-ne-sadaptera-au-d%C3%A9fi-climatique-activity-6997830447921561600-PuUI
title: CHANGE_ME 89
---
"il faut que les états exercent une pression sur le capitalisme" pour que ce dernier ait des activités qui soient compatibles avec la préservation de l'environnement. Il ne faut pas compter sur les chefs d'entreprise, "dont ce n'est pas la logique", pour le faire spontanément, parce que la nature n'a pas de prix. Même si les dirigeants d'entreprise "comprennent" le problème, leur logique - comprendre la prééminence des euros sur les indicateurs environnementaux dans le cadre juridique actuel - les pousse dans une direction qui est inverse à celle qui préserve les ressources.
Ces propos seraient d'une banalité affligeante s'ils venaient de la bouche d'un Gael Giraud ou d'un député LFI. Mais en l'espèce ils sont tenus par un économiste de chez Candriam, une société de gestion d'actifs, qui appartient donc, au sens large, à la "finance mondialisée libérale".
Et le même de rappeler que, de même que le travail des enfants n'a pas été supprimé par la bonté d'âme des patrons, mais parce que la puissance publique l'a interdit (dans un contexte où les machines pouvaient prendre le relais, il ne faut pas l'oublier !), ce ne sont pas les chefs d'entreprise qui vont d'eux-mêmes se mettre dans le cadre de l'accord de Paris : c'est à l'Etat de les y pousser, par des taxes et des interdictions.
Il se trouve que, pas plus tard que le week-end dernier, j'ai défendu à peu près la même thèse au micro de RTL dans le cadre de ma chronique hebdomadaire, qui portait sur la "finance verte" : https://lnkd.in/eG2t9mvQ
L'idée qu'un chef d'entreprise "vert" est en pratique un chef d'entreprise qui accepte - voire désire - que l'Etat mette des contraintes pour orienter l'activité économique du "bon côté" fait de plus en plus de chemin. Accepter ses propres limites n'est pas un aveu de faiblesse : c'est en les ignorant que l'on se met à risque.
Incidemment c'est cette population que The Shift project cherche à rassembler : depuis le début notre think tank ambitionne (que l'on y parvienne est une autre histoire !) de coaliser des dirigeants qui pensent sincèrement qu'il faut mettre des contraintes sur les émissions de gaz à effet de serre. Comme cette population n'est pas complètement naïve, ils et elles le souhaitent évidemment parce qu'ils et elles pensent que ca sera bon pour leur entreprise.
Sauf à complètement supprimer le capitalisme, que je comprends ici comme la propriété individuelle de tout ou partie des moyens de production (laquelle propriété privée est, sous une forme ou sous une autre, présente depuis la sédentarisation de notre espèce il y a 10.000 ans), la voie à explorer est donc d'encadrer ce dernier pour le forcer à "rentrer dans le monde fini". Vaste mais nécessaire programme.