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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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2022-12-31T16:48:59 7014995835687944192 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_apr%C3%A8s-une-ann%C3%A9e-agit%C3%A9e-le-monde-des-m%C3%A9taux-activity-7014995835687944192-APdy CHANGE_ME 45

Une des équations infernales de la transition énergétique, c'est de pouvoir disposer de plus en plus de métaux, dans un monde où les flux internationaux seront de plus en plus chahutés et l'énergie

Pour ceux qui ont le temps (ou le prendront !), dans les auditions récentes de la commission d'enquête sur la perte de souveraineté énergétique de la France, il y a celle de Christophe Poinssot, qui fournit un certain nombre d'éléments très intéressants sur les usages et la disponibilité future des métaux : https://lnkd.in/ef4BhrY5

On y apprend notamment que le monde utilisait principalement 10 métaux en 1900, alors que c'est désormais de l'ordre de 60, et que nombre d'entre eux sont utilisés de manière trop diluée dans les objets qui les contiennent pour pouvoir être récupérés ensuite.

On y apprend aussi qu'il faut en moyenne 17 ans (dans le monde) entre la décision d'ouvrir une mine et le moment où l'exploitation démarre. Ceci explique par exemple que la disponibilité mondiale en cuivre ne va pas beaucoup augmenter (voire légèrement diminuer) dans les 20 ans qui viennent (information rappelée par Poinssot), et il faut voir si cela est compatible avec les plans d'électrification massive qui supposent une consommation accrue de ce métal.

Même s'il faut toujours être prudent avec les prévisions de prix des matières premières (un des gags dans le monde du pétrole consiste à dire : "vous pouvez prévoir un prix, vous pouvez prévoir une date, mais il ne faut jamais faire les deux en même temps !"), il est logique de penser que cette tension devrait finir par se voir dans les prix. Dans cet article des Echos, les négociants interrogés tablent tous sur des hausses significatives pour l'année prochaine.

Dans les scénarios de transition énergétique, les alternatives sont souvent évaluées à l'aune des montants respectifs d'investissements demandés. Mais ces derniers peuvent fortement dépendre des cours des matières premières, en particulier pour les moyens qui sont "gourmands" en métal par kWh produit (ce qui est le cas - pour de bêtes raisons physiques - des collecteurs d'énergies diffuses).

La sagesse voudrait donc que nous prenions nos paris avant tout sur la base des paramètres "physiques", en ne donnant pas aux couts actuels plus de valeur prédictive qu'ils n'en ont. Ca sera mon voeu pour 2023, puisque c'est l'époque !