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2022-12-15T11:18:12 | 7009114386082504704 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_crise-%C3%A9nerg%C3%A9tique-leurope-se-pr%C3%A9pare-d%C3%A9j%C3%A0-activity-7009114386082504704-gMq1 | CHANGE_ME 59 |
La Commission est raccord avec The Shift Project, même si c'est pour tirer une forme de signal d'alarme (https://lnkd.in/eVVGtZCc ) : la situation gazière actuelle ne fait qu'annoncer un avenir qui sera probablement de plus en plus compliqué à gérer, et ce dès l'hiver prochain.
Lors d'un hiver "normal", le gaz utilisé provient de deux sources :
- les stocks qui ont été constitués pendant l'été, à un moment où l'approvisionnement (via gazoduc ou GNL) dépasse la consommation
- mais aussi du gaz qui continue d'être acheminé en continu par les mêmes moyens.
Avant la guerre en Ukraine, le gaz russe représentait 40% des approvisionnement de l'Union. Désormais Nordstream est hors service (il avait une capacité de 25% de la consommation européenne environ), et seul subsiste l'approvisionnement via le gazoduc qui passe par l'Ukraine... qui est un point d'interrogation. On peut très bien imaginer que dès que les russes auront réalisé les infrastructures physiques leur permettant de commercer avec la Chine, cet approvisionnement là aussi puisse baisser ou disparaître (car il permet aussi aux ukrainiens d'avoir du gaz).
Avant même que cette hypothèque ne se concrétise, la faiblesse de l'approvisionnement "en continu" depuis la guerre pourrait obliger les européens à complètement vider les stocks pour passer l'hiver, et cette même faiblesse nous empêcher de disposer d'assez de gaz pou faire face à la demande l'hiver prochain.
Incidemment cette faiblesse de l'approvisionnement en gaz devrait maintenir des prix de marché élevés, et, à "market design" identique sur l'électricité, maintenir des prix très élevés pour l'électricité européenne.
Face à cela, les mesures palliatives sur l'offre sont lentes : plus d'ENR (ou de nucléaire) demande du temps, outre que les ENR électriques non pilotables concourent peu à la sécurité d'approvisionnement (il suffit de regarder https://lnkd.in/eRvA7w-a depuis une semaine pour voir que l'Allemagne - et nous via importations pour une petite partie - tourne fortement au charbon parce qu'il y a peu de soleil et peu de vent depuis une semaine).
Les mesures "purement techniques" sur la demande sont aussi lentes à mettre en place : on ne peut pas multiplier par 10 le nombre d'opérations lourdes de rénovation des bâtiments "comme cela".
Si la baisse est significative, il y a donc fort à parier que ce sont des "mesures rapides" sur la demande qui vont devoir faire le job (car de fait on ne peut pas consommer un gaz qui n'existe pas !). Baisse du thermostat, de la consommation électrique et de la production industrielle sont donc à envisager. Il faut malheureusement aussi se préparer à cela.