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2023-01-29T16:25:16 | 7025499114272387072 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_d%C3%A9carbonation-les-pme-et-les-eti-en-ordre-activity-7025499114272387072-ZEWu | CHANGE_ME 18 |
Plus une entreprise est grosse, plus elle se préoccupe de climat. On pourrait trouver cela paradoxal, dans la mesure où les plus grandes entreprises sont aussi, souvent, les plus mondialisées et le plus financiarisées, donc celles où les possibilités effectives de changer de modèle sans y laisser une part significative de leur chiffre d'affaire apparaissent d'emblée comme "pas évidentes".
En effet, "se décarboner", en pratique, n'est pas juste remplacer les combustibles fossiles utilisés en direct par des énergies dites sans carbone (en fait il y en a toujours un peu) : il s'agit d'être capable de survivre dans un monde où les émissions baissent globalement de quelques % par an tous les ans et dès maintenant.
Cela signifie donc survivre alors que des matériaux, des circuits logistiques, des usages à l'aval, des pouvoirs d'achat ou du temps libres seront de moins en moins disponibles. Et commet les entreprises qui ont le plus profité de ce que les combustibles fossiles nous ont amené sont aussi souvent les plus grosses, on pourrait penser qu'un phénomène de déni les éloigne le plus de regarder la question.
Il n'empêche : selon cet article des Echos, 20 % des PME françaises ont calculé leur empreinte carbone, alors que ce pourcentage monte à 37 % lorsque toutes les tailles d'entreprises sont prises en compte.
Certes la réglementation explique beaucoup cela : ce calcul d'empreinte carbone est devenu obligatoire pour les entreprises de plus de 500 salariés (et sous certaines conditions va l'être pour plus de 250). Un autre élément joue aussi : les PME comportent généralement une proportion de cadres plus faible que les grands groupes, avec fatalement moins de personnes aptes à consacrer du temps à des sujets non immédiatement opérationnels.
Comme l'explique Clément Ramos dans une interview adjacente à cette article (https://bit.ly/3HGegKv ), pour les PME non financières c'est souvent un client important (privé ou public) qui est à l'origine du premier bilan carbone, parce qu'il en fait une condition de son achat.
Pourtant cette approche possède une valeur ajoutée très forte pour la raison suivante : les émissions viennent toujours de processus physiques ou chimiques. Tracer les émissions dont dépend son entreprise, c'est doc inventorier les flux physiques (et parfois les processus chimiques) dont elle dépend.
C'est donc un premier pas indispensable pour comprendre combien il sera facile ou pas de survivre dans un monde qui va se décarboner tôt ou tard, de gré pour cause de climat ou de force pour cause d'épuisement des combustibles fossiles et de forêts à couper. Voir un bilan carbone uniquement comme une obligation réglementaire est rater l'essentiel de ce qu'il amène au pilotage stratégique à moyen terme (voire à court terme), même pour une PME qui considère très souvent avoir peu de prise sur sa trajectoire globale.