jancovici-updates/true_content/posts/2021/11/change-me-482.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2021-11-26T07:41:08'
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title: CHANGE_ME 482
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Dans le monde politique, l'arbitrage entre croissance et décroissance (économique) est souvent présenté comme relevant uniquement de notre choix. "Il est impensable de ne pas avoir de la croissance" disent les un(e)s, car cela est nécessaire pour maintenir le progrès social et réduire les inégalités.
Il est nécessaire d'avoir de la décroissance, disent les autres, car il est impératif de revenir dans les limites planétaires, et cela ne peut se faire en augmentant la taille du PIB.
Croissance ou décroissance, alors ? Dans cette courte interview publiée sur Novethic, je tente d'expliquer que si l'on regarde les flux physiques, et leur "marqueur agrégé" qu'est l'énergie, le débat semble hélas tranché : la décroissance est déjà bien là, de manière larvée. Et, les mêmes causes produisant les mêmes effets, il y a toutes les chances pour qu'elle s'amplifie dans les décennies à venir.
Rien de tout cela n'est très neuf sous le soleil. Il y a désormais quasiment 50 ans, une équipe de dynamiciens des systèmes du MIT avait montré en quoi des flux productifs ne pouvaient pas augmenter indéfiniment sur une planète finie : https://lnkd.in/ev4N-EA, et, après une phase d'expansion, notre humanité industrielle était inexorablement vouée à se contracter.
Rien n'est très neuf non plus en ce qui concerne notre difficulté à nous faire à cette idée, parce que nous ne sommes pas câblés pour appréhender une limite globale, mais juste une limite locale, toujours considérée comme dépassable : https://lnkd.in/dc4MX67T
Une des choses qui n'aide pas, c'est que même dans le domaine environnemental les visions de l'avenir considèrent la croissance comme une évidence, les seules marges de manoeuvre relevant alors de mesures strictement techniques. C'est notamment le cas des scénarios d'émission de gaz à effet de serre utilisés dans les modélisations du GIEC, qui sont faits par des économistes, et qui supposent tous un PIB croissant d'ici à 2100 (https://lnkd.in/dM4AQhVd ).
Ce "renversement des priorités" (la physique passe avant nos souhaits et non après) va nous couter cher. Il est désormais de la responsabilité de ceux qui aspirent à gérer les affaires communes d'intégrer cet élément dans leur raisonnement. Cela passe par le fait d'avoir une boite à outils adaptée, et cela est du ressort de tous ceux qui théorisent l'économie. Il est urgent de mettre un peu de "jus de cerveau" dans la réponse à la question suivante : comment gérer au mieux une société à moyens physiques décroissants ?