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2021-11-16T09:21:43 | 6866304251199574016 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_assessing-global-long-term-eroi-of-gas-a-activity-6866304251199574016-1bAS | CHANGE_ME 497 |
La Belgique a décidé de remplacer ses réacteurs nucléaires par un mélange de renouvelables et de centrales à gaz. L'Espagne a construit un parc de production comportant, pour des capacités installées à peu près équivalentes, de l'éolien et des centrales à gaz. L'Allemagne veut sortir du nucléaire avec en face une augmentation du parc de centrales à gaz, pour garder une puissance pilotable à peu près constante.
Ces décisions sont à l'évidence contre-productives sur les émissions de CO2, qui augmentent (Espagne, Belgique à venir) ou ne baissent pas vite (Allemagne), parce que le gaz est une énergie fossile.
Mais une question que personne ne semble se poser est : y aura-t-il du gaz ? Car cette ressource n'est pas plus renouvelable que le pétrole, et fera donc l'objet, comme pour le pétrole, d'un pic de production dans le monde.
La production mondiale, explique un article publié en août dernier, passerait par un maximum peu après celle de pétrole (c'est ce que j'ai toujours entendu depuis que je m'intéresse au sujet). Mais, comme pour le pétrole, il faut aussi utiliser de l'énergie pour exploiter un gisement de gaz.
Selon les auteurs de cet article, cette "énergie nécessaire pour extraire l'énergie" passerait de 5% à 23% du gaz extrait entre 2020 et 2050. Cela avance le pic de 5 à 10 ans, et surtout le met significativement plus bas. C'est en effet ce qu'il reste après déduction de l'énergie d'extraction qui est disponible pour faire tourner les "machines à gaz" (dont les centrales électriques).
Après l'extraction, vient le transport. Comme le gaz est gazeux (merci La Palisse) à température et pression ordinaires, il contient sous cette forme mille fois moins d'énergie par unité de volume que le pétrole. Or, le transport du gaz ou du pétrole, c'est consacrer de l'énergie (celle du transport) à transporter... de l'énergie. Avec le pétrole on perd 2% au passage (en pétrolier ou oleoduc), avec le gaz c'est plutôt 10% à 15% par gazoduc et plus encore par méthanier. Du coup, alors que le pétrole est une énergie mondiale (parce que la déperdition due au transport est faible), le gaz est une énergie régionale à locale.
En Europe, il faut donc s'intéresser à 2 ou 3 sources de gaz dominantes dans l'approvisionnement :
- celle de la mer du Nord, qui est en déclin depuis 2005 (et la Norvège vient de passer son pic a priori, donc le déclin va s'accélérer dans les décennies à venir)
- la Russie, qui exportait des quantités à peu près constantes depuis 30 ans (et les gisements à développer sont situés à mi-chemin de l'Europe - qui aime bien dire aux Russes qu'ils font des choses pas bien - et de la Chine)
- l'Afrique du Nord, dont les capacités d'exportation sont en déclin depuis 10 ans (la production croit légèrement mais la consommation domestique croit plus vite).
Une centrale à gaz dure 40 ans. Donc la question est reposée : y aura-t-il suffisamment de gaz... assez longtemps ?