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2021-12-17T08:24:49 | 6877523957164109824 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_a-quand-des-chief-impact-officers-dans-toutes-activity-6877523957164109824-2cgA | CHANGE_ME 451 |
L'humanité a un problème avec les limites planétaires. En réponse, les Nations Unies ont proposé le concept de "développement durable", une espèce de baguette magique où nous pouvons à la fois ne pas nous restreindre tout de suite ("un développement qui satisfait les besoins de la génération actuelle") sans obérer l'envie des générations futures de ne pas se restreindre ("sans compromettre ceux des générations futures"). A bien y regarder, c'est un oxymore : https://lnkd.in/e99RRmJ
Nous avons nommé des personnes en charge du développement durable dans toutes les grandes entreprises. Est-ce que cela a changé la trajectoire de ces dernières ? Les émissions de gaz à effet de serre ont progressé à la même vitesse avant la création de ces fonctions qu'après, de même que pour la déplétion pétrolière, l'érosion de la biodiversité, la dégradation des sols ou l'étalement urbain.
Il est maintenant question de créer des "chief impact officer". Est-ce que le résultat sera différent ? En fait, sans redéfinition bien plus large de l'espace que doivent occuper nos activités productives monétisées, cette fonction deviendra trop souvent celle de "chief greenwashing officer", comme une partie des responsables du développement durable en entreprise le sont devenus à leur corps défendant.
Nous n'aimons pas nous remettre en question. Avant même de savoir si c'est une bonne ou une mauvaise idée, c'est un fait. D'expérience, lorsqu'une entreprise découvre, en réalisant pour la première fois un exercice de comptabilité environnementale, que son activité la met structurellement à risque en cas de "transition écologique", la réaction la plus courante n'est pas de décider séance tenante de changer de portefeuille de produits, de marchés, de compétences, quoi qu'il en coute sur le plan des performances économiques (et même si le CA doit baisser), parce que "c'est bon pour l'environnement".
La réaction la plus courante est de continuer comme avant, en cherchant bien si on ne peut pas se dire que, au fond, l'activité est quand même contributive à la transition (le dernier secteur en date a avoir beaucoup communiqué sur ce thème est le digital). CIO ou pas CIO...
L'exemple de la personne en photo illustre bien le propos. Elle travaille dans une entreprise qui s'appelle Contentsquare. Cette dernière a pour objet (cf leur site : https://contentsquare.com/ ) de "helps companies understand hidden customer behaviors". En gros ils font du ciblage marketing. Question : à quoi sert un "CIO" dans une entreprise dont l'ADN est d'aider des entreprises qui vendent des produits à en vendre plus ?
La seule manière d'avoir "de l'impact" au bon niveau est de mettre la totalité de l'entreprise en conformité avec un monde où les flux physiques baissent structurellement. Et cela demande que tout le comex y voit une limite non dépassable, à commencer par le/la patron(ne). Pour le moment, nous n'y sommes pas.