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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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2021-12-13T07:32:44 6876061296387747840 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_dhabitude-les-publications-de-loffice-activity-6876061296387747840-NvGS CHANGE_ME 456

D'habitude, les publications de l'Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques sont dans la droite ligne de l'appellation de cet organisme : elles éclairent les avantages et inconvénients d'une technologie donnée, par exemple la 5G ou l'intelligence artificielle, et font, comme beaucoup de rapports parlementaires, un nombre de pages trop élevé pour que leur lecture soit large.

C'est donc une approche un peu inhabituelle qui a été choisie pour une récente publication, qui ne concerne pas les avantages ou méfaits d'une trouvaille technique, mais qui décrit en quelques pages l'évolution (inquiétante) de la population d'insectes en France : https://lnkd.in/dEcP77_S

Toutes les personnes ayant dépassé le demi-siècle (et parfois moins) se rappelleront sans peine que, lorsqu'elles étaient enfants, les voitures terminaient les voyages estivaux avec le pare-brise et les phares couverts d'impacts d'insectes volants en tout genre, et que les jardins péri-urbains (voire urbains) regorgeaient de papillons l'été.

Désormais, il faut aller dans des endroits préservés des diverses nuisances évoquées dans cette note (pesticides surtout, mais aussi métaux lourds, pollution lumineuse...), par exemple les alpages l'été, pour déranger des sauterelles en marchant dans l'herbe ou observer des papillons en quantité. Une partie du constat documenté dans cette note est donc accessible à tout un chacun de pas trop jeune :).

Comportant plus de 100 références pour 5 pages de note, cette publication de l'OPECST se termine en insistant sur l'urgence d'agir, principalement au niveau des pratiques agricoles. Elle souligne que la réglementation européenne est en retard sur l'état de l'art scientifique (ce qui est malheureusement toujours le cas, une réglementation précède rarement la connaissance d'un inconvénient !), mais qu'il existe un levier d'action aujourd'hui insuffisamment employé : l'éco-conditionnalité des aides de la politique agricole commune.

Cette recommandation n'est pas nouvelle. Par contre, de voir sous la plume d'une sénatrice centriste (le Sénat, de par son mode d'élection, est considéré comme traditionnellement plus proche du monde rural, donc des agriculteurs, que l'Assemblée) la phrase "[La] conservation [des insectes] doit donc être une priorité politique sous peine de conséquences dramatiques pour les écosystèmes et lhumanité.", qui suppose que les agriculteurs doivent changer de pratiques, avec le soutien de la collectivité, est un signe intéressant.

Que l'OPECST fasse - prioritairement à destination des autres parlementaires - des notes courtes et digestes sur des enjeux environnementaux mal traités est une bonne nouvelle : la forme et le fond sont adaptés au public visé. Le mérite en revient probablement pour partie à son président, Cédric Villani, qui s'exprime de plus en plus sur des sujets environnementaux.