jancovici-updates/true_content/posts/2022/01/change-me-430.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 430
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A quelques nuances près, cette interview - parue dans Les Echos - de "quelqu'un" à l'IFPEN (il semble manquer le chapô, de telle sorte que l'on ne sait pas qui exactement est interrogé !) aurait pu émaner du Shift Project.
Il y est question de la disponibilité des métaux pour assurer la transition vers un monde bas carbone dans un contexte d'opulence matérielle préservée (parce que sinon passer à un monde bas carbone sans aucune production industrielle est assez facile :) )., et surtout de ce qui pourrait venir contrarier nos jolis plans de croissance verte.
La tension la plus importante ne viendra pas des terres rares, qui sont en fait des métaux "rarement utilisés", pour lesquels le problème à court ou moyen terme est plus géopolitique (la Chine concentre une très large partie des capacités de production actuelles, mais il y a des ressources ailleurs) que physique.
Ce sont les métaux non ferreux "ordinaires" qui risquent d'être le plus limitants : cuivre, nickel, éventuellement aluminium... Ces éléments sont bien sur disponibles en abondance dans la croûte terrestre, mais pour pouvoir les exploiter il faut une concentration locale minimale (sinon l'énergie d'extraction est trop élevée, car au bout du bout c'est toujours une question d'énergie), et cela s'appelle alors... une mine.
A titre d'exemple, les mines de cuivre actuellement en exploitation ont une teneur moyenne en métal de 0,5% en poids (sur le minerai), alors qu'il y a quelques siècles les filons les plus riches pouvaient contenir plus de 10% en poids (il y a même eu du cuivre natif exploité dans l'antiquité). Plus la teneur baisse, plus il faut d'énergie pour extraire le métal... qui doit justement servir au système énergétique.
Aujourd'hui, le raisonnement sur la disponibilité future est avant tout basé sur les prix. Si les prix ont baissé dans le passé, ce qui est le cas, alors cela signifie que cette tendance va se poursuivre, ce que nous traduisons tous par "il n'y aura pas de problème de disponibilité". Malheureusement l'histoire récente montre qu'il y a de plus en plus de cas de figure où la baisse des prix d'hier n'a pas été prédictive de la disponibilité pour le lendemain. L'exemple le plus récent est celui des semi-conducteurs.
Il est donc impératif de ne pas raisonner uniquement à partir de données économiques quand on s'interroge sur la faisabilité "physique" d'un plan "physique" (et l'énergie c'est physique !) pour l'avenir. Il faut à ce titre saluer l'exercice que RTE a effectué dans ses derniers scénarii, en consacrant 80 pages à l'analyse "environnementale" des avenirs possibles, et en regardant justement la question des métaux et matériaux nécessaires, de l'espace, etc.
Dit autrement, les euros d'hier seront de moins en moins prédictifs de l'économie de demain. Il faudra systématiquement revenir aux flux physiques sous-jacents pour tenir un raisonnement opposable.