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2022-02-28T07:51:42 | 6903969937296027648 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_il-ny-a-pas-que-pour-le-gaz-que-leurope-activity-6903969937296027648-eww2 | CHANGE_ME 366 |
Il n'y a pas que pour le gaz que l'Europe est un peu dépendante de la Russie. C'est également le cas pour le pétrole : 30% de l'or noir et des produits raffinés importés en Europe géographique (donc avec la Norvège et la Grande Bretagne, qui sont les deux seuls producteurs significatifs mais qui ne font plus partie de l'Union) vient de notre grand voisin de l'Est. Les importations européennes (au sens géographique) représentent environ les 3/4 de notre consommation d'hydrocarbures liquides (et 96% si nous nous limitons à la seule Union).
Symétriquement, l'Europe représente la moitié des ventes de pétrole et de produits raffinés de la Russie (graphique en commentaire), soit environ 1 milliard de barils par an. A environ 100 dollars le baril, nous sommes donc clients de la Russie pour environ 100 milliards de dollars par an pour nos barils.
A 80 euros le MWh, il faut y rajouter une somme à peu près équivalente pour le gaz, dont l'Allemagne est de loin le premier client européen (voir graphique ci-dessous).
S'il ne s'agissait pas de combustibles fossiles, cette situation serait en fait plutôt une bonne nouvelle : cette dépendance mutuelle entre la Russie et l'Europe est normalement un élément qui incite chaque camp à rester "raisonnable", pour éviter de trop se mettre à dos un partenaire en affaires.
Une difficulté de plus, quand nous sortirons des énergies fossiles, ce qui se passera de gré ou de force, sera de maintenir des liens basés sur "autre chose" avec nos ex-fournisseurs d'hydrocarbures, pour que chacun continue à avoir un peu besoin de l'autre. C'était le principe fondateur de l'Union européenne : rester un peu dépendant de ses partenaires, histoire de ne pas se sentir trop libre de leur envoyer des obus à la figure au premier coup de sang. Toute la question est, comme toujours, de savoir où mettre le curseur.