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2022-02-27T11:44:13 | 6903666063389597696 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_recul-record-de-la-banquise-antarctique-cet-activity-6903666063389597696-jKEp | CHANGE_ME 367 |
Un malheur n'en chasse pas un autre, malheureusement. Pendant que les yeux sont rivés (à juste titre) sur ce qui passe à l'Est de l'Europe, les effets déjà enclenchés du changement climatique continuent leur petit bonhomme de chemin.
La banquise antarctique vient d'enregistrer un record de faible étendue à la fin de l'été austral. En quoi cela nous concerne, vont se demander certain(e)s ?
Sur notre planète, beaucoup de choses sont interconnectées. La diminution de la banquise change fortement le pouvoir réflexif de la surface au rayonnement solaire : avec de la glace, l'essentiel de ce dernier repart dans l'espace ; avec de l'eau, l'essentiel est absorbé et contribue donc à chauffer plus vite l'océan austral.
Un océan plus chaud déstabilise plus vite les langues terminales des glaciers antarctiques, langues qui sont posées sur l'eau et donc "grignotées" par le dessous à vitesse accélérée.
Cela contribue à diminuer la "résistance" des glaciers à l'amont qui servent parfois d'ac-boutant pour stabiliser des glaciers encore plus à l'amont ; une partie de la calotte antarctique étant en fait une espèce de château de cartes où les glaciers de consolident les uns les autres (et en plus une partie de la calotte est posée sur un socle rocheux sous-marin).
L'accélération du réchauffement local pourrait donc avoir des répercussions planétaires, parce que ce qui est en jeu là-bas est que l'océan mondial s'élève ou pas de plus de 10 mètres en quelques siècles. Certes, quelques siècles c'est plus lointain que l'horizon de temps associé à la guerre en Ukraine, ou à tout autre processus qui serait susceptible de déstabiliser nos sociétés à plus brève échéance.
Mais ce "rouleau compresseur" en marche viendra en rajouter - bien avant quelques siècles - à d'autres problèmes. Bienvenue dans le 21è siècle, où il faudra garder un oeil sur plus d'un risque, et du coup avoir des plans qui soient compatibles avec la partie déjà non évitable des conséquences de nos actes passés. Pour le moment, l'impression générale est plutôt celle d'être pris au dépourvu à chaque fois qu'il y a un écart à la "prévision" d'un monde maîtrisable et continu.