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2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 342
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Ce n'est pas une association militante qui le dit, mais la banque centrale européenne : une évaluation sur 109 grandes banques commerciales de la zone euro montre que ces dernières ne sont pas au bon niveau en ce qui concerne la gestion de leurs risques climatiques, et, d'après Les Echos, "ne répondent pas pleinement aux attentes de la supervision".
De quels risques parle-t-on ? Il y en a deux principalement en matière de climat. Le premier est dit "de transition". Il correspond à la situation ou un prêt ou une action vont perdre de la valeur, parce que l'emprunteur se retrouve en défaut partiel ou total à cause d'un contexte réglementaire qui l'empêche d'exercer son activité comme avant. Par exemple si une banque détient des actions d'un opérateur de réseau de gaz et que la collectivité décide que le gaz ne doit plus être utilisé, ces actions perdent en valeur.
Or les actifs d'une banque sont essentiellement constitués d'obligations - qui sont des "morceaux de prêt" - et de prêts "ordinaires" (le prêt est au passif de l'emprunteur mais à l'actif de la banque !), avec quelques actions et autres titres (immobilier par exemple). Si une fraction trop importante de ces actifs sont impactés à la baisse par les contraintes de la transition, la banque est en risque.
Une variante du risque de transition est que ce ne soit pas la réglementation qui empêche d'émettre du CO2, mais un défaut d'approvisionnement en combustibles fossiles (suivez mon regard du côté de la situation actuelle), qui finira par arriver de toute façon puisque ces combustibles sont épuisables.
Le deuxième risque est dit "physique". Il correspond au risque de défaut lié au fait que l'entreprise ou le pays dont on détient une obligation, un prêt ou une action pourrait voir ses opérations impactées à cause des conséquences du changement climatique.
Apprécier ces risques est compliqué. Il faut bien comprendre l'ensemble de la chaine de valeur dans laquelle s'insère l'entité que l'on regarde, puisque sa vulnérabilité est aussi celle de ses clients ou fournisseurs. Cela demande des compétences, des données, du temps, et pire encore d'envisager des éventualités désagréables, chose que peu de gens aiment faire. Et apprécier si les banques sont au bon niveau suppose des compétences encore plus importantes du côté du régulateur, soit dit en passant.
Du coup, il n'est pas très étonnant que le système financier dans son ensemble n'y soit pas encore. Par contre, ne pas mettre les moyens pour y être rapidement serait encore plus étonnant, maintenant que nous savons ce que nous savons.