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2022-03-06T10:26:09 | 6906183132031053824 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_guerre-en-ukraine-peut-on-se-passer-du-activity-6906183132031053824-SODc | CHANGE_ME 360 |
Depuis le début du conflit en Ukraine, des appels au "boycott du gaz russe" ont commencé à apparaître ici ou là.
Dans ma chronique d'hier sur RTL, il a été question (une fois de plus, mais 3 minutes seulement, et probablement pour une audience qui n'est pas uniquement celle de ce réseau social :) ) de l'importance de la Russie dans la consommation européenne de pétrole, gaz et charbon.
Cela m'a donné l'occasion de faire un petit calcul d'ordre de grandeur : le gaz importé de Russie représente (en Europe) 3 fois la consommation française. Si l'Union devait s'en passer, comme le GNL ne peut que doubler à bref délai, et que l'Algérie et la Mer du Nord sont en déclin, la moitié des importations russes serait remplacée par... rien, soit environ 15% de la consommation européenne.
Je ne connais pas les proportions pour l'Europe dans son ensemble, mais en France plus de la moitié du gaz (importé en totalité) sert au chauffage des bâtiments. 15% du gaz en moins, s'il était imputé uniquement sur le chauffage, conduirait à 30% de surfaces chauffées en moins, ou... à 4 à 5°C de baisse du thermostat partout (on a coutume de dire que 1°C de baisse c'est 7% de consommation en moins).
Pour ne plus être dans cette situation de dépendance, une seule solution à terme : se passer de gaz presque partout. Dans le chauffage, cela veut dire isolation et pompes à chaleur ou, avec beaucoup de limites, bois.
Se passer de gaz dans le chauffage, c'est du reste exactement l'angle choisi dans le Plan de Transformation de l'Economie Française du Shift Project. En conséquence, nous proposons de supprimer progressivement le réseau de gaz presque partout (puisqu'il n'y a plus de gaz dans le chauffage !).
Cet objectif n'est pas si révolutionnaire qu'on le pense : en Suède, par exemple, il n'y a jamais eu de gaz dans le chauffage, et donc il n'y a jamais eu de réseau de gaz significatif (voir carte sur https://lnkd.in/e6H-QsAM par exemple).
Mais, bien évidemment, la mise en oeuvre d'un tel plan demande quelques décennies et non quelques jours. A très court terme, donc, se passer du gaz russe c'est se passer d'une partie du thermostat. Et pour l'Allemagne, qui dépend bien plus du gaz russe que la France (environ la moitié de sa consommation en 2020), ca serait même probablement se passer d'une partie de son électricité.