jancovici-updates/true_content/posts/2022/04/change-me-317.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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title: CHANGE_ME 317
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Nous sommes des animaux terrestres : de ce fait nous avons la bougeotte, et le déplacement fait partie de notre nature. Mais depuis que le pétrole s'est invité dans nos vies, nos déplacements quotidiens sont passés de 3 km par jour à 10 fois plus (voir https://lnkd.in/ejMNZQgN pour des détails). De 2 millions de véhicules particuliers en 1945, le parc automobile français est passé à presque 40.
Le pétrole, le gaz et le charbon ayant libéré nos bras via les machines, nous avons eu des vacances (congés payés), et comme nous sommes des animaux curieux et explorateurs, nous avons profité de ce temps libre et de la mobilité motorisée pour prendre l'habitude d'aller voir ailleurs ce qui se passe (ca s'appelle le "dépaysement").
La mobilité accessible à tou(te)s a aussi éclaté les familles (qui avant vivaient globalement au même endroit de génération en génération), engendrant l'envie de se retrouver de temps en temps... en se déplaçant.
Aujourd'hui, un(e) français(e) parcourt en moyenne 7600 km par an pour sa mobilité dite longue distance, l'emmenant à plus de 80 km de son domicile. Les motifs en sont essentiellement "non professionnels" : vacances, loisirs, visites à la famille ou à des ami(e)s.
Tout cela, c'est le pétrole qui nous l'a donné. La voiture domine largement dans les déplacements, mais l'avion fait jeu égal avec la voiture dans les kilomètres parcourus, et conduit à plus d'émissions que la voiture pour les loisirs.
Dans un monde qui doit totalement se passer de pétrole en 30 à 50 ans (et qui va de toute façon, en Europe, en consommer 2 à Z fois moins dans les 30 ans à venir : https://lnkd.in/dqWtnMPi ), et sans rêver à des "humains immobiles", ce qui ne correspond pas à notre nature, comment faire ?
Telle est la question abordée dans ce dernier volet publié du plan de transformation de l'économie française version 1. Sans grande surprise on va trouver dans le cocktail de solutions moins d'avion, moins de voiture et plus de train, des voitures de plus en plus électriques, et une organisation des voyages (par exemple de la location de modes de déplacement "locaux" et décarbonés à destination) permettant de continuer à se déplacer pour ses loisirs.
Rien de tout cela ne va cependant se faire tout seul par la magie du marché envoyant 30 ans à l'avance les bons signaux à des acteurs qui anticiperont sur cette durée. Comme pour le reste du plan de transformation de l'économie française, il va être nécessaire de... planifier. Moins on le fera et plus le risque que cette mobilité baisse de façon brutale et inéquitable augmente.
La "planification écologique" n'est pas qu'un rêve de vieux ronchons qui ne se sont pas remis de la chute de l'URSS. C'est la meilleure manière de préserver nos libertés futures - dont la paix et la stabilité sont des présupposés indispensables - en acceptant un peu moins de liberté tout de suite. Si l'expérience doit nous le prouver, il sera trop tard pour faire machine arrière.