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2022-05-07T10:19:05 | 6928649404019044352 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_alors-que-la-crise-sanitaire-a-r%C3%A9v%C3%A9l%C3%A9-et-activity-6928649404019044352-uDX9 | CHANGE_ME 288 |
"Alors que la crise sanitaire a révélé et aurait pu conduire à revoir des modèles à bout de souffle, les mêmes programmes, les mêmes financements, les mêmes projets qui auront, pour la plupart d’entre eux, des conséquences irréversibles sur une ou plusieurs dizaines d’années sont invariablement présentés. (...) Certaines décisions sont même des régressions. (...)"
Qui ose ainsi écrire que l'action publique post covid n'est pas plus compatible avec les limites planétaires que celle d'avant ? The Shift Project ? Extinction Rebellion ? Des politiques en campagne pour les législatives ? L'Affaire du Siècle ?
Pas du tout, pas du tout, comme chantait Dutronc : une instance administrative, l'Autorité Environnementale, qui vient de rendre son rapport annuel : https://lnkd.in/eRhXSAWF
Pour faire simple, cette autorité est chargée de rendre un avis public sur "la qualité des évaluations et la bonne prise en compte de l’environnement" pour des projets - d'infrastructure, industriels, d'aménagement... - ou des plans qui "sont au-delà d'une certaine taille", comme aurait dit Fernand Reynaud.
Juger de l'adéquation entre les impacts factuels des projets et les méthodes qui ont été utilisées pour évaluer ces impacts peut sembler technique et anecdotique, mais en fait dire si le thermomètre ou le stéthoscope étaient les bons instruments à utiliser pour juger de l'état du patient est capital, car rien n'est plus facile que de déclarer que des projets sont sans impact ennuyeux en utilisant des méthodes inappropriées ou qui font l'impasse sur une nuisance majeure.
En 2021 l'Autorité environnementale a rendu 159 avis : 91 sur des projets (1/3 industriels, 1/3 d'aménagements urbains et 1/3 d'infrastructures de transports) et 68 sur des plans et programmes (schémas directeurs d’aménagement et de gestion de l’eau, plans de gestion des risques d’inondation, plans de protection de l’atmosphère, plans de prévention des risques, plans régionaux forêt et bois...).
Quelques éléments exposés au fil des pages :
- les projets proposés pour décarboner l'énergie (ENR ou hydrogène) ne comportent pas toujours d'analyse probante sur leur contribution à la décarbonation (!)
- "Dans le domaine des transports, la transition énergétique est assez généralement oubliée" (sans prise en compte de l'objectif national de baisse de la consommation d'énergie) et "la contribution des projets à l’atteinte de la neutralité carbone n’est pas démontrée ; elle pourrait même être négative"
- "[il y a] une absence de prise en compte au bon niveau des thématiques climat et énergie (...) dans les contrats de plan État-Région".
- Etc...
L’AE écrit en conclusion que "les plans et programmes [examinés] ne sont pas à la hauteur de l’objectif fixé dans l’Accord de Paris". Arriver à une situation où chaque projet local sera raccord avec les limites planétaires demandera un effort majeur de cohérence et un effort non moins majeur de formation.