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2022-06-14T07:49:51 | 6942382583695470592 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_larry-fink-le-pdg-de-blackrock-le-plus-activity-6942382583695470592-Qxwu | CHANGE_ME 245 |
Larry Fink, le PDG de Blackrock, le plus gros gestionnaire d'actifs au monde (la société gère - pour le compte d'épargnants américains pour l'essentiel - 10.000 milliards de dollars, soit plus de 4 fois le total de bilan de la plus grosse banque française), vient de faire une "sortie" pour expliquer qu'il n'avait pas à être "la police de l'environnement" et qu'il était opposé à ce que les entreprises reportent leurs émissions de gaz à effet de serre en incluant ce que l'on appelle le "scope 3", c'est à dire les émissions liées à la fabrication et l'acheminement des matières premières, celles liées aux déplacements des salariés et clients, et les émissions liées à l'expédition et l'utilisation des produits vendus : https://lnkd.in/eBQmzvBJ
Cette déclaration est importante, parce qu'elle prend le contre pied complet de toutes les initiatives qui fleurissent actuellement partout dans le monde financier, soutenant implicitement que cette activité (la finance) va contraindre les entreprises à se verdir en allouant l'argent à ce qui est compatible avec un monde décarboné (et le raisonnement peut s'étendre à d'autres nuisances).
On peut citer par exemple la Net Zero Banking Alliance (https://lnkd.in/e_rv-p28 ), initiée par les Nations Unies, qui regroupe des banques "qui se sont engagées à aligner leurs portefeuilles de prêts et d'investissements avec des émissions planétaires nulles d'ici 2050.". Les signataires représentent 40% des prêts et investissements des banques dans le monde.
On peut aussi citer la Net Zero Asset Managers initiative (https://lnkd.in/eyWv_aR2 ) et dont les signataires (dont Blackrock :) ) représentent plus de la moitié des actifs sous gestion. Ces signataires s'engagent à "soutenir l'objectif d'émissions nettes nulles d'ici à 2050, et à soutenir des investissements alignés avec des émissions planétaires nulles d'ici à 2050 ou avant".
Blackrock est donc d'accord avec l'objectif, mais ne veut pas du thermomètre qui permet de dire si les investissements de Blackrock sont compatibles avec l'objectif. Il n'est pas un cas isolé : c'est probablement dans le monde financier que l'écart entre les discours publics et la réalité des moyens mobilisés et des efforts engagés est le plus élevé.
Il ne s'agit pas juste de telle ou telle banque continuant à prêter de l'argent à tel ou tel opérateur des combustibles fossiles. Il s'agit plus généralement du fait que les établissements financiers n'incluent pas, à quelques exceptions près, la mesure des émissions de gaz à effet de serre et "l'alignement" dans leurs processus de décision opérationnelle au quotidien, en allant jusqu'à en faire un processus d'orientation de l'activité aussi "puissant" que le rendement. Et les Nations Unies sont malheureusement complices de cette situation, en permettant des déclarations fracassantes non suivies d'effets.