jancovici-updates/true_content/posts/2022/07/change-me-214.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

3.2 KiB

date li-id li-url title
2022-07-10T10:10:46 6951840131171430400 https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_la-bce-fait-sa-r%C3%A9volution-climatique-activity-6951840131171430400-reZv CHANGE_ME 214

La Banque Centrale Européenne a, comme l'essentiel des banques centrales, pour mission essentielle de "défendre la monnaie" dont elle a la gestion : https://bit.ly/3RAmczZ

Cela signifie notamment :

  • limiter l'inflation (car l'inflation déprécie la valeur de la monnaie)
  • agir sur les marchés des changes, pour éviter la dépréciation excessive, ou au contraire l'appréciation excessive, de la monnaie concernée face aux autres monnaies.
  • superviser les banques commerciales. Ces dernières effectuant en pratique la création monétaire (par les opérations de crédit : https://bit.ly/3c5JnBS), la gestion de la masse monétaire passe notamment par les règles imposées aux banques commerciales par les banques centrales.
  • ou encore assurer la liquidité interbancaire. Au titre de cette dernière activité, la banque centrale fournit des liquidités (du "cash") aux banques commerciales en demandant en contrepartie que la banque commerciale "dépose" à la banque centrale des obligations ou des actions que cette dernière détient en propre (c'est un peu une espèce de prêt hypothécaire !).

Par extension, depuis qu'il y a des marchés financiers, les banques centrales sont aussi chargées de la "stabilité" de ces derniers.

Toutes ces opérations doivent être "neutres" du point de vue de l'économie, c'est à dire que le mandat de la banque centrale n'a jamais été de se substituer au législateur pour dire quelles activités pouvaient éventuellement être favorisées par rapport à telles autres, en favorisant ou pas l'accès aux ressources monétaires ou financières, pour marquer le caractère plus ou moins utile pour la collectivité.

Ainsi, la banque centrale ne peut pas dire aux banques commerciales que le financement des activités carbonées doit se faire avec des taux de crédit plus élevés que pour les activités non carbonées, pour dissuader les premières, par exemple.

Cette différenciation ne pourrait être justifiée qu'à une condition, qui elle serait strictement "financière" : que les risques de défaut soient plus élevés pour les emprunteurs carbonés que pour ceux qui ne le sont pas.

Or, malgré cette obligation de neutralité, la BCE vient de décider de faire un double petit pas de côté : tout d'abord elle va orienter sa propre épargne en privilégiant les titres d'entreprises "vertes". Carbon 4 Finance ayant été sélectionné il y a quelques mois par les banques centrales de l'Eurosystème pour fournir des données climat, nous espérons évidemment que ce "tri" sera fait sur la base de nos analyses :).

Ensuite et surtout, la BCE va privilégier les titres "verts" (qui peuvent être analysés avec nos données aussi !) apportés en garantie lorsque les banques commerciales voudront bénéficier de liquidités de la banque centrale. Cela va pousser les banques commerciales à "verdir" leur propre bilan.

Dans les deux cas de figure c'est une novation importante par rapport au mandat historique. Mais c'est clairement une bonne idée dans le contexte actuel.