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2022-08-16T21:12:03 | 6965414902316322816 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_en-espagne-des-milliers-de-puits-ill%C3%A9gaux-activity-6965414902316322816-Xq3F | CHANGE_ME 180 |
Il y avait de l'eau. Et puis il en a de moins en moins. L'Espagne s'assèche au fil des années, 2022 constituant un épisode un peu intense sur une tendance qui est malheureusement à l'augmentation de l'aridité à cause du changement climatique (comme pour le sud de notre pays).
En pareil cas, "on" voudrait que "on" se restreigne sur l'eau disponible, en particulier lors des épisodes intenses. Seulement voilà : en Espagne comme en France, quand "on" a bâti son activité sur l'existence de l'eau, se restreindre c'est parfois accepter une baisse de ses revenus, voire pas de revenus tout court.
Tout comme en France des agriculteurs continuent d'irriguer dans des département en crise (et il y en a un gros paquet, de départements en crise : https://bit.ly/3SVvk2r ), les agriculteurs espagnols continuent à utiliser de l'eau - souvent prélevée dans les nappes l'été - alors même qu'il faudrait limiter les prélèvements.
Là comme ailleurs, l'interdiction est évidemment plus facile à faire appliquer quand il y a une porte de sortie. Faute d'un plan (tiens tiens) pour diminuer les activités qui ont besoin d'eau de manière organisée, en cas de pénurie les utilisateurs de l'eau essaieront de préserver leur consommation, et cette réponse au problème... contribuera à aggraver le problème.
De fait, à très court terme la limitation des prélèvements signifie une baisse d'activité, voire une perte de récolte. On peut certes envisager une indemnisation, mais l'argent ne se mange pas, et en outre cela fait une charge de plus pour un Etat qui a du mal à boucher les trous. Face à un problème récurrent, la seule solution pérenne est malheureusement de diminuer les activités qui dépendent de l'eau.
Adapter les cultures à moins d'eau ne va pas être qu'un slogan : cela va demander une modification des emplois, des formations, des habitudes alimentaires, de l'agroalimentaire à l'aval, des infrastructures de stockage ou de réemploi de l'eau... et faute de le planifier (éventuellement en mettant un peu moins de "marché", c'est-à-dire de concurrente qui rend court termiste) une partie des interdictions quand il y a "crise" restera lettre morte.
En gros, il s'agit de rien moins que de revisiter les priorités et les modalités de la politique agricole commune à l'aune du dessèchement climatique.