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2022-08-11T05:58:25 | 6963373037400301568 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_plus-de-la-moiti%C3%A9-des-maladies-infectieuses-activity-6963373037400301568-8yKo | CHANGE_ME 185 |
Le propre des expériences que l'on fait pour la première fois, c'est que le résultat n'est pas toujours prédictible de manière exacte. C'est le cas pour la dérive climatique que nous avons mise en route : les grandes tendances peuvent être comprises, certaines quantifiées assez précisément (par exemple la hausse du contenu énergétique de l'ensemble atmosphère-océan en réponse à nos émissions), d'autres plus difficilement (par exemple le nombre précis de sécheresses ou d'épisodes pluvieux intenses que nous aurons une année donné sur terre ; ironiquement pendant que nous vivons une sécheresse historique d'autres régions du monde vivent des inondations historiques : https://bit.ly/3JT2bkv )
Pour d'autres encore, la quantification à l'avance est quasi-impossible, parce qu'il s'agit d'un phénomène multifactoriel et/ou qui porte sur un trop grand nombre de processus. Il en va ainsi de la propagation des maladies. La tendance est connue depuis longtemps : le réchauffement climatique devrait plutôt favoriser leurs occurrences. Le réchauffement augmente les zones de présence de "vecteurs" (moustiques, tiques, mouches, etc) par exemple.
Mais quoi quand comment, voilà qui est plus difficile. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne se passera rien. Un article récemment paru dans Nature (https://lnkd.in/eWQy_SCX ) et relayé par Le Monde conclut, sur la base d'une large analyse bibliographique, que le changement climatique a déjà contribué à aggraver les conséquences de manière décelable pour la moitié des 375 maladies infectieuses concernant les êtres humains.
Evidemment cette tendance est aussi favorisée par l'urbanisation (qui nous concentre dans des endroits où la propagation est plus facile) et les échanges rapides entre zones (à commencer par l'avion). Lorsque l'on consulte les tables de mortalité publiées par Malthus pour le 18è siècle, on réalise que l'espérance de vie à la naissance était alors supérieure à la campagne qu'en ville pour les pays européens ! Les villes n'offraient pas d'infrastructures de soins particulières, mais offraient tout à fait une meilleure propagation des miasmes...
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, The Lancet publie au même moment une étude montrant que la hausse des températures nocturnes, en dégradant possiblement de manière importante la qualité du sommeil, pourrait aussi conduire à une hausse d'un certain nombre de pathologies par affaiblissement du système immunitaire, ainsi qu'à plus de maladies cardiovasculaires (https://lnkd.in/e5Se2NT3 ).
Face à un risque diffus, multifacettes, engendrant des conséquences non ou peu réversibles, la prévention est évidemment la meilleure des politiques. Espérons que cet été sera au moins utile à ca...