jancovici-updates/true_content/posts/2022/08/change-me-190.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-08-05T09:31:21'
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title: CHANGE_ME 190
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Bien que cela ne soit pas valide scientifiquement, nombre d'entreprises revendiquent une "neutralité carbone" en recourant à ce qui s'appelle la "compensation". L'idée est la suivante : l'entreprise prétend "annuler" ses émissions en achetant des crédits émis par des projets qui sont censés séquestrer du CO2 à l'avenir.
En fait l'argument - apparemment simple et de bon gout - ne tient pas à la base (https://lnkd.in/db7JzB2q ), mais le propos ne sera pas là pour ce post. Il concerne la réalité du carbone séquestré par les projets forestiers, qui constituent l'essentiel des crédits émis.
En effet, dès lors que l'absorption est future, il peut y avoir plein d'événements qui viennent contrarier la croissance des arbres : retour de la déforestation, maladies, sécheresse, ou... incendies. Bref tous les processus qui font que les arbres ne poussent pas normalement, ou pas du tout.
Pour parer à cette éventualité, dans la comptabilité des projets de reforestation, on met un petit "matelas de sécurité", consistant à ne pas compter une petite partie de la croissance future. Mais c'est une petite partie.
Or, les incendies actuels en Californie (où ca brûle sévèrement aussi) conduisent à des émissions qui suppriment le matelas de sécurité prévu pour un siècle pour les projets dans la région, explique cet article du FT.
Question : en pareil cas, est-ce que la "non validité des crédits" remonte jusqu'à l'entreprise qui les a achetés et l'oblige à communiquer comme quoi "elle n'est plus neutre" ? La réponse est non : aucune entreprise ayant clamé urbi et orbi qu'elle était neutre ne corrige le tir en expliquant que ce n'est plus le cas.
Mais ce n'est pas très grave au fond, puisque de toute façon la revendication initiale n'était pas valide (et heureusement ce point de vue se généralise). Plus que jamais il est essentiel de bien séparer les deux natures d'obligations qu'il faut mettre à la charge des entreprises : d'une part les obliger à réduire leurs émissions, et à adapter leurs produits à un monde où les émissions décroissent, ET en parallèle les obliger à contribuer à la restauration et au développement des puits, mais sans fongibilité entre les deux.