jancovici-updates/true_content/posts/2022/08/change-me-193.md
2023-02-19 11:56:01 +01:00

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date: '2022-08-02T09:58:48'
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Sylvestre Huet vient de publier une analyse d'un récent rapport de l'Agence Internationale de l'Energie sur l'avenir du nucléaire : https://bit.ly/3zMUj0y
On y trouve quelques graphiques très intéressants.
Tout d'abord un premier, reproduit en commentaire, situe la vision de l'AIE (sur le nucléaire) dans l'ensemble des scénarios recensés par le GIEC (rappelons que ce dernier ne produit aucun scénario, mais recense ceux qui ont été publiés). On voit que l'AIE, par ailleurs très optimiste sur les modes de production diffus et non pilotables (vent et soleil), beaucoup plus demandeurs de métaux que les modes concentrés (cette "intensité en métaux" est en train de faire remonter leurs couts un peu partout), est plutôt conservatrice sur l'atome, postulant en quelque sorte qu'il sera plus difficile de s'affranchir des limites pour ce qui concerne notre volonté et nos compétences que pour ce qui concerne des ressources physiques. On verra ce qu'il en sera !
Le second est celui en illustration et donne, pour tous les pays qui ont construit des réacteurs, et sur la période 1967-2021, les temps de construction moyen (je suppose pour l'ensemble des réacteurs construits, qu'ils soient encore en service ou pas), ainsi que les durées maximales et minimales.
On y constate :
- qu'il y a quasiment un facteur 10 entre le temps de construction le plus long (plus de 20 ans en Argentine et aux USA) et le plus court (environ 3 ans aux USA et en Russie)
- que la Chine, qui dispose actuellement du programme le plus important, est à 5 ans en moyenne, avec un max à 11
- que, sur une grande série (cas par exemple de la France, de la Russie, de la Chine) il est raisonnable de compter sur une durée moyenne inférieure à 10 ans, et même proche de 6 ou 7 si on ne cherche pas à se surprotéger contre des risques faibles.
Le rapport lui-même (https://bit.ly/3oNlPVj ) donne d'autres indications intéressantes :
- sur les 5 dernières années les nouveaux chantiers ont été quasi-exclusivement le fait de la Chine et de la Russie
- en fonction du "cout de l'argent" (le taux d'intérêt qu'il faut verser chaque année aux pourvoyeurs de fonds - actionnaires et banquiers - qui amènent l'argent nécessaire à la construction) le nucléaire peut être la moins chère ou la plus chère des technologies décarbonées pilotables (la conclusion logique est donc qu'il faut que ce cout de l'argent soit bas, et donc que le nucléaire soit mis en oeuvre par des sociétés d'état)
- au sein des nouveaux chantiers, Flamanville bat des records de dépassement de durée et de budget par rapport à l'estimation initiale : le problème est donc français avant tout
Incidemment on apprend aussi (page 46 du rapport ; graphique en commentaire) que dans le scénario Net Zero de l'AIE il y aurait 5000 GW de puissance électrique de stockage dans le monde en 2050. Cette dernière est d'environ 150 GW actuellement et est constitué à 99% de barrages réversibles. C'est pas gagné...