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2022-09-14T08:01:20 | 6975725160221790208 | https://www.linkedin.com/posts/jean-marc-jancovici_croissance-inflation-bercy-noircit-le-activity-6975725160221790208-6SEq | CHANGE_ME 149 |
Bercy explique qu'il va falloir composer avec une croissance faible et une inflation qui se développe. Bienvenue au 21è siècle.
Quiconque prend le temps de regarder ce qu'est, sur le plan physique, un système productif, comprend qu'il s'agit en fait d'un ensemble de flux physiques de transformation (https://bit.ly/3qAkHoO ). Cela explique le rôle central de l'énergie, puisque cette dernière est par définition ce qui permet de créer ces flux.
Dès lors que, pour des raisons physiques, les énergies fossiles (qui ont historiquement progressivement remplacé les énergies renouvelables) sont dominantes dans l'approvisionnement mondial, il n'est pas très compliqué de comprendre que la diminution rapide de ces énergies, pour des raisons de climat (elles sont directement à l'origine de la majorité de nos émissions de gaz à effet de serre) ou pour des raisons d'épuisement géologique des gisements de pétrole et de gaz (https://bit.ly/3UaDJjq ) est inexorable.
Cette baisse provoquera en retour une diminution des flux physiques (on ne reviendra pas aux énergies renouvelables à "mode de vie constant"), et donc une "inversion de la croissance". D'ici pas très longtemps (quand est toute la question) la "croissance structurelle de long terme" sera remplacée par la "décroissance structurelle de long terme". Meadows et al. avait déjà très bien expliqué cela il y a 50 ans : https://bit.ly/2HkwcIl
Au niveau du consommateur final, après qu'il ait été possible d'avoir de plus en plus de choses à consommer pour une même durée de travail (ca s'appelle l'augmentation du pouvoir d'achat), nous allons vivre l'évolution inverse (d'autant plus marquée par personne que la démographie augmente puisque la contrainte est sur la production totale).
En pratique elle va s'exprimer par deux processus qui vont aussi devenir de plus en plus fréquents : la pénurie et l'inflation. Nous en vivons du reste aujourd'hui des signes avant-coureurs : pénurie sur des composants issus de la mondialisation, inflation sur nombre de biens de consommation.
Bercy a tort de raconter que ca sera une mauvaise passe et qu'après "ca ira mieux". Cela engendre dans la population l'espoir que cela soit physiquement possible. Mais ce qui est physiquement possible est d'apprendre à être heureux avec moins (tout le défi est d'y arriver !).
Postuler que nous ne devons nous projeter que dans un monde où il y aura toujours plus de flux physiques est perdre notre temps : au lieu d'utiliser nos neurones à réfléchir à ce qui serait optimum avec une évolution à la fois proche - en fait déjà en cours en Europe - et inexorable, nous les utilisons à réfléchir à ce que nous pourrions faire si les miracles existaient.
Pourquoi le faisons nous alors ? Parce qu'une part le cahier des charges des élus en démocratie est hélas de promettre des miracles (relire https://bit.ly/3S3Dbd4 !), et d'autre part et surtout il n'y a pas de plan conçu pour l'hypothèse inverse. Il est temps d'y réfléchir sérieusement !